La Génisse, la Chèvre, et leur sœur la Brebis,
Avec un fier Lion, seigneur du voisinage,
Firent société, dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun le gain et le dommage.
Dans les lacs de la Chèvre un Cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussitôt elle envoie.
Eux venus, le Lion par ses ongles compta,
Et dit : « Nous sommes quatre à partager la proie. »
Puis en autant de parts le Cerf il dépeça ;
Prit pour lui la première en qualité de Sire :
« Elle doit être à moi, dit-il ; et la raison,
                   C’est que je m’appelle Lion :
                  À cela l’on n’a rien à dire.
La seconde, par droit, me doit échoir encor :
Ce droit, vous le savez, c’est le droit du plus fort
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième.
Si quelqu’une de vous touche à la quatrième,
                  Je l’étranglerai tout d’abord. »

Bientôt, prétend la Bible, le loup habitera avec l’agneau. Entre-temps, la force prévaut avec les atours mêmes du droit. Comme nous l’explique La Fontaine dans les alexandrins et octosyllabes ci-dessus. À notre tour de rappeler aux monarques qu’on a souvent besoin d’un plus petit que soi. 

 

 

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