La différence n’est pas une maladie
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D’abord le regard. Pas le leur. Le nôtre. Notre regard sur eux. Des malades. Pire, des malades qu’on ne pourrait pas soigner. Qu’aucun traitement n’a pu libérer de leur nuit gelée. Depuis toujours on les met à part. Ils sont des parias. On ne les veut pas trop près de nous. Surtout ne pas se mélanger. Est-ce parce qu’ils nous font peur, à défier les lois de la normalité ? À force de vouloir les couper de la société, de croire qu’en les isolant on résout une partie du problème – combien d’autistes adultes ont comme horizon les murs d’un hôpital psychiatrique ? –, on a fini par ne plus voir ce qu’ils sont. Des êtres différents, pas forcément déficients. Des êtres intelligents, doués pour une grande majorité d’entre eux de capacités intellectuelles entières, mais singulières et atypiques. Dans un livre à paraître, Josef Schovanec parle de ces « intelligences multiples » que nous sommes encore loin de reconnaître. « Toutes les formes d’intelligence ou toutes les formes d’humanité ne sont pas porteuses des mêmes prédispositions au succès social ou même à leur seule pérennité, observe le philosophe-voyageur lui-même autiste. Il en va ainsi des mondes autistiques. […] Localisés aux marges sinon aux interstices du monde, leur seule présence discrète relève de l’anormal. » Des entreprises ont pourtant compris l’intérêt de ces esprits pas comme les autres. Elles sont rares. C’est le cas d’ASPertise, une firme franco-canadienne de services numériques fondée et cogérée par des autistes dits Asperger – un handicap qui se traduit par une grande curiosité que freine une réelle difficulté d’adaptation à la vie sociale. « Les personnes atteintes du syndrome d’Asperger sont un secret bien gardé dans le monde des nouvelles technologies, peut-on lire sur le site d’ASPertise. Ils ont participé aux grands succès informatiques des vingt dernières années. »
Cette reconnaissance d’une différence plutôt que d’une maladie incurable est un timide progrès. Malgré les plans successifs engagés depuis 2005, la France accuse un grave retard. La perception et la prise en charge de l’autisme restent plombées par le poids des affrontements entre chapelles. Les tenants de l’approche psychanalytique – l’autisme serait le fruit de traumas enfouis dans l’inconscient – n’en finissent pas de ferrailler avec les adeptes du comportementalisme – seules des méthodes pragmatiques seraient efficaces pour accompagner ce trouble. Parmi les 8 000 enfants autistes qui naissent chaque année, trop peu sont rapidement détectés. Et sur les 700 000 autistes que compte notre pays, trop nombreux sont ceux qui ne recevront ni les soins ni l’attention auxquels ils ont droit.
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