Des paroles et des actes
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Paul se sépare rarement de son petit carnet rouge en fibre synthétique. Il le garde accroché à la poche de son jeans, toujours prêt à l’usage. Des pictogrammes imprimés sur des carrés en papier plastifié sont fixés à l’aide d’un scratch sur chacune des pages. Ils représentent les désirs que le garçon serait susceptible de ressentir. Un jouet, un câlin, un lit, des chips, un verre de jus de fruits. Parfois, il en décolle un et le tend à l’adulte qui veille sur lui. À 4 ans et demi, Paul ne parle pas. Dans le jargon de l’autisme, on dit qu’il est « non verbal ». Pour se faire comprendre, il ne peut compter pour l’heure que sur sa collection d’images.
« Lorsque j’ai commencé à travailler avec Paul, il était difficile de savoir ce qu’il ressentait, raconte Séverine Aymar, l’éducatrice spécialisée qui l’accompagne depuis trois ans. Il jetait tout par terre, c’était tout ce qu’il savait faire. » Au rythme de trois séances hebdomadaires, elle lui a appris à maîtriser ce système de communication alternatif américain baptisé « PECS ». Une première étape vers le langage verbal, espère-t-elle. Ce mercredi matin, dans sa chambre où a lieu la séance, Paul est sage comme une image.
Dans le petit monde de l’autisme, Paul est un privilégié. Il a été diagnostiqué tôt, à l’âge de 26 mois – en France, la moyenne se situe entre 5 et 6 ans – et il bénéficie d’un accompagnement extrêmement complet, ce qui est rare. Scolarisé à l’école Saint-Louis-de-Gonzague-Franklin, dans la seule « classe soleil » de Paris – six enfants autistes encadrés par six adultes –, il est également suivi par un orthophoniste, une psychomotricienne, plusieurs psychologues et éducateurs qui viennent lui rendre visite à domicile pour l’aider à progresser.
Cette prise en charge n’est pas tombée du ciel. Comme la plupart des parents concernés, ceux de Paul ont dû relever leurs manches et se battre pour obtenir des allocations suffisantes pour leur permettre de lui apporter le meilleur accompagnement possible. La première étape a consisté à diagnostiquer eux-mêmes le trouble de leur fils. « Il ne répondait pas à son prénom, raconte sa mère. Le pédiatre a testé à trois reprises son audition et nous a dit qu’il n’y avait aucun problème. » C’est sur les conseils d’un couple d’amis, parents de trois enfants, que Minh et son mari décident de prendre un deuxième avis. « J’ai fait l’hypothèse que Paul était un enfant avec autisme en googlant trois signes : il ne r&eac
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