« Ben Laden, un clignotant sur le radar de l’histoire »
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Quel est votre souvenir personnel du 11-Septembre ?
L’un des avions a percuté le Pentagone de l’autre côté du fleuve. De nos fenêtres, nous pouvions soudain voir la fumée et nous nous sommes bien sûr précipités vers une télévision pour tenter de comprendre. Mon sentiment à ce moment, en tant que personne investie dans les questions de relations internationales ? Cela se traduisait d’abord, comme pour tout le monde, par un tourment personnel. Je vivais alors près de la capitale en Virginie du Nord, et tous les ponts, toutes les routes étaient barrés en attendant que l’on prenne la mesure de la situation et de la menace. Je suis resté dans mon bureau pendant presque vingt-quatre heures, ce qui m’a donné l’opportunité au moins de me poser des questions évidentes : d’où venait cette attaque ? que représentait-elle en matière de menaces ultérieures ? comment un gouvernement et une puissance militaire comme les États-Unis devaient-ils répondre pour se protéger à l’avenir ?
Une dizaine d’années plus tôt, vous aviez publié La Fin de l’histoire, un livre qui a eu un fort retentissement parce qu’il célébrait la victoire du modèle occidental après la chute de l’URSS. L’Occident était censé être libéré de toute alternative crédible. Et vous avez été littéralement persécuté pour n’avoir pas prévu l’avènement de l’islamisme, ou une nouvelle prétendue « guerre des civilisations ».
Le communisme était, lui, un modèle attractif et exportable, une alternative possible pour une part de l’humanité jusqu’à la déchéance finale du modèle soviétique. On ne peut pas en dire autant de l’islamisme politique. Qu’offrait-il en tant que modèle de société ? À l’époque et dans la décennie qui a suivi l’attentat, la tendance au Moyen-Orient était plutôt la recherche de plus de justice, d’une modernisation et d’un progrès social. Cela déboucherait sur le Printemps arabe. Seule une minorité trouvait son compte dans les éructations et les histoires de croisés et de califat de Ben Laden. Les moyens utilisés le 11-Septembre, aussi spectaculaire soit leur résultat, reflétaient plutôt la faiblesse de ce mouvement et de son organisation.
Tout de même, le 11-Septembre a marqué l’histoire. Les États-Unis se résolve
« Ben Laden, un clignotant sur le radar de l’histoire »
Francis Fukuyama
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