LE VOL 93 de United Airlines a décollé de Newark avec vingt-cinq minutes de retard. Les 37 passagers apprendront ainsi, au-dessus des nuages, par des appels téléphoniques de leurs proches, que deux autres appareils se sont écrasés sur les tours du World Trade Center. Quatre terroristes sont à bord de leur propre avion. Deux d’entre eux forcent la porte du cockpit et prennent le contrôle de ce Boeing 757, tandis que les autres déplacent de force les occupants de la première classe vers l’arrière, après avoir égorgé un homme qui refusait d’obtempérer.

« Nous sommes en train de voter pour savoir s’il faut donner l’assaut aux pirates », murmure au téléphone Linda Gronlund à sa sœur. Survie démocratique… « Vous êtes prêts ? On y va ! » crie peu après Todd Beamer, 32 ans. Et il se rue vers l’avant, suivi de plusieurs autres passagers. Pour les empêcher d’atteindre le cockpit, les terroristes impriment des secousses à l’appareil, sans réussir à les repousser. Entre deux « Allahou akbar ! », le chef du commando ordonne alors à ses acolytes de conclure : l’avion, dont la cible était le Capitole à Washington, pique du nez et s’écrase dans un champ de Pennsylvanie, prenant feu aussitôt.

Un mémorial de 9 kilomètres carrés a été consacré aux passagers et aux membres de l’équipage, décorés à titre posthume de la Médaille d’or du Congrès. Mais la tour de 28 mètres surmontant le site n’a pu être inaugurée que dix-sept ans après les attentats. L’une des causes de ce retard aura été la campagne acharnée d’un citoyen américain qui soupçonnait l’architecte de vouloir truffer son œuvre de symboles musulmans, et donc construire une mosquée déguisée… Le Congrès ne dispose malheureusement pas de médaille pour récompenser la finesse, le flair et le discernement. 

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