Cité des vaisseaux !
(Cité des noirs vaisseaux, des fiers vaisseaux !
Cité des vapeurs des voiliers aux quilles affûtées !)
Cité du monde entier ! (Toutes les races habitent ici,
Toutes les terres de la terre nous ont apporté leur contribution.)
Cité de l’océan ! cité aux fulgurantes marées de lumière !
Cité dont infatigablement les marées avancent et reculent dans une fête recommencée de tourbillons de bouillonnements d’écume,
Cité aux quais aux entrepôts, cité aux hautes façades en marbre en fer !
Orgueilleuse cité des passions, fougueuse et folle jusqu’à l’extravagance,
Bondis debout ô ma cité car l’enjeu n’est pas tellement la paix que toi-même ma guerrière !
Mon indomptable, ne te soumets à aucun autre modèle que les tiens !
Oui, prends incarnation en moi comme je t’ai accueillie dans mon corps !
Rien de ce que tu m’as offert n’aura jamais été refusé par moi, tes adoptés, aucune discussion, je les ai adoptés,
Bons ou mauvais je les aime tous, jamais ne condamnant rien,
Je chante donc je célèbre tes richesses, mais trêve de paix,
Car si j’ai chanté la paix dans la paix, à moi le tambour de la guerre aujourd’hui,
Rouge la guerre sera mon chant dans tes rues, ma cité !

Feuilles d’herbe, traduit par Jacques Darras
© Éditions Grasset et Fasquelle, 1989 et 1994

Poème proposé par LOUIS CHEVAILLIER et illustré par JONATHAN BLEZARD

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