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« Chez les Kurdes, l’imaginaire commun est très puissant »
Hamit Bozarslan
Quels étaient les objectifs du président turc en faisant entrer son armée au nord-ouest de la Syrie ?
En finir avec la présence kurde à sa frontière. Pour Recep Tayyip Erdoğan, la « turcité », l’identité turque, est aujourd’hui menacée. Ce président vit sous l’emprise d’une violente nostalgie impériale, où la Turquie est investie d’un double rôle : d’abord apporter au monde son sens de la justice et du bien, ensuite constituer le bras armé de l’islam. Cette mission, qui a été interrompue, doit renaître. Il le rappelle souvent : selon lui, l’objectif premier de la Première Guerre mondiale visait à détruire l’Empire ottoman, et les ennemis de la Turquie ne cessent de le poursuivre. Erdoğan établit un lien entre espace et espèce. De ce point de vue, les Kurdes sont une menace stratégique « existentielle » pour l’avenir de la Turquie. Ajoutons que l’ennemi, dans sa vision, est toujours « étranger » : il fut historiquement arménien, puis grec. Aujourd’hui il est kurde. Et chaque fois, le soutien de puissances étrangères dont bénéficient ces populations « autres » accroît à ses yeux la « menace vitale » qu’elles représentent.
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[Amour]
Robert Solé
Dès que ce pauvre Donald Trump ouvre la bouche, tout le monde lui tombe dessus. Ce qu’il a dit à propos du lâchage des Kurdes par les États-Unis était pourtant frappé au coin du bon sens : « Ils ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne nous ont pas aidés en Normandie. » Qui oserait affirmer le contraire ? Je vous parie que la plupart des Kurdes seraient incapables de situer Omaha Beach sur une carte. On pourrait ajouter qu’ils s’étaient bien gardés de participer à la guerre d’indépendance américaine puis à la guerre de Sécession.
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