Disons grossièrement qu’il y a trois sortes de faits divers. Les plus spectaculaires, les « affaires », doivent leur notoriété à leur côté énigmatique (« Omar m’a tuer »), à l’extrême jeunesse de la victime (affaire Grégory), au statut social de l’auteur (DSK, Palmade…) ou au caractère idéologique d’un crime crapuleux (« Gang des barbares »). Ces événements, avouons-le, nous passionnent. Ils occupent le devant de la scène pendant des semaines, puis refont surface à plusieurs reprises et donnent lieu à d’infinis commentaires.
La deuxième catégorie de faits divers concerne des personnes ordinaires, plongées dans des drames sanglants, parfois même monstrueux. Un magazine comme Détective en fait son miel, avec des titres d’une grande sensibilité : « Surprise dans sa baignoire par un sadique », « L’a-t-elle découpé en petits morceaux lui aussi ? », « Le surfeur exécute ses deux enfants au fusil harpon »…
Qui, à part son maître, pouvait s’intéresser à la mésaventure d’un toutou ayant traversé imprudemment une route ?
Mais la plupart des faits divers appartiennent à une troisième catégorie, qui intéresse rarement les médias et le grand public. Cambriolages, escroqueries, rackets, harcèlements, altercations, règlements de comptes nés de jalousies, tromperies, blessures d’amour-propre ou conflits de territoire, ce sont des événements banals, même s’ils se traduisent par des homicides.
Naguère, on appelait cela la rubrique des « chiens écrasés ». Qui, à part son maître, pouvait s’intéresser à la mésaventure d’un toutou ayant traversé imprudemment une route ? Ces drames de la vie quotidienne, moins fréquents dans les beaux quartiers que dans des cités « difficiles », mériteraient pourtant plus d’attention. Ne racontent-ils pas la société actuelle bien mieux que les « affaires » ? Chiens écrasés… Une partie de la population ne mène-t-elle pas une vie de chien, écrasée par les malheurs de l’existence ?