CES dernières années, le célèbre baryton chinois Liu Keqing, lauréat de plusieurs prix internationaux, a été radié de TikTok à diverses reprises, au grand dam de ses admirateurs. Il ne s’était pourtant jamais mêlé de politique et ne résidait plus à Pékin, mais à Berlin. Sur les réseaux sociaux, il n’offrait que des exercices d’échauffement de la voix et des tutoriels pour la pratique du bel canto. Si son compte a été fermé, c’est pour « violation d’image ». Ce chanteur lyrique a en effet le malheur de ressembler furieusement à Xi Jinping, le maître absolu de l’empire du Milieu : même taille (1,80 m), même corpulence, même visage carré, même chevelure, et quasiment le même âge, à deux années près.

Liu Keqing n’est pas l’unique victime de ce crime involontaire de lèse-majesté. Avant lui, Winnie l’ourson était traqué inlassablement par les censeurs de la République populaire de Chine. Il faut dire que des internautes s’obstinaient à assimiler le chef de la plus grande nation du monde au petit mammifère potelé. Était-ce seulement une ressemblance physique ? Dans Winnie l’ourson et l’arbre à miel, première apparition sur les écrans du personnage créé à Londres en 1926, une scène délicate peut susciter de mauvaises pensées. On y voit notre héros s’inviter à déjeuner chez Coco Lapin et faire preuve d’une incroyable gourmandise : tous les pots de miel présents y passent. Winnie s’est tellement empiffré, il a tellement grossi qu’il n’arrive même plus à s’extraire du terrier…

Xi Jinping, lui, se tient bien et mâche lentement. Pas un mot plus haut que l’autre. Il arbore en permanence un petit sourire, tout sucre tout miel. Comme pour mieux se distinguer de l’ours mal léché qui s’est emparé de la Maison-Blanche et fanfaronne, toutes griffes dehors. 

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