C’était un temps où florissait aux États-Unis une alliance nouvelle entre une fraction nationaliste dure dite « internationaliste » et un courant de pensée plus récent, les « néoconservateurs ». En janvier 2001, les deux peuplaient la Maison-Blanche à la suite de l’arrivée de George Bush fils au pouvoir. Les nationalistes y étaient représentés par le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, deux vieux routiers de l’administration Reagan (président de 1981 à 1989), fervents adeptes de l’usage de la force pour imposer au reste du monde la prééminence des États-Unis – d’où leur qualification d’« internationalistes », par opposition aux nationalistes protectionnistes. La seconde tendance était incarnée par Condoleezza Rice, la conseillère à la Sécurité nationale, et par Paul Wolfowitz, le numéro deux du ministère de la Défense. Ces deux figures de proue des néoconservateurs entendaient imposer la démocratie à l’américaine comme modèle politico-économique universel incontesté, là encore au fil du glaive si nécessaire.

Si ces deux courants ont pu s’unir en raison de leur conception géopolitique proche de la place dominante « naturelle » des États-Unis sur l’échiquier mondial, leur rapprochement s’est d’abord fait autour d’une vision convergente des enjeux économiques et sociaux. Celle-ci alliait un éloge du capitalisme le plus débridé à un rejet radical du secteur public, qu’ils érigeaient en parangon de la gabegie et de l’incurie. Ils partageaient ainsi une détestation du Welfare State (l’État-providence) et du rôle social de l’État qui l’accompagnait. Dès lors, ils prônaient un capitalisme dépossédant au maximum l’État fédéral, perçu comme impotent et dispendieux, de toute intervention dans la gestion des enjeux économiques et sociaux, réservée au contrôle exclusif du secteur privé. D’une même voix, ils défendaient la privatisation tous azimuts du secteur public et la dérégulation maximale de l’économie et des marchés financiers.

Pour la seule protect

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