Dès qu’il est question de pauvreté, on a d’abord affaire à des femmes et des jeunes. « Produits d’entrée de gamme », pourrait-on dire si on était dans une concession automobile. Un salarié sur dix. 1,6 million de travailleurs du privé, plutôt petites entreprises que grands groupes. Femmes, donc temps partiel pour 43 % d’entre eux, employés plus qu’ouvriers non qualifiés. Peu diplômés, bien sûr. Commerce, restauration, hôtellerie avant tout. La part des immigrés doit être importante mais je n’ai pas le droit de vous la communiquer. À calculer en valeur nette pour être honnête, avec la prime d’activité pour certains, les APL, les HLM, voire à intégrer dans un revenu plus large du ménage. 

Est-ce la misère ? Non, ce n’est pas la misère, du moins pas pour tous. Un jeune qui démarre peut vivre avec 1 000 euros. Une femme en couple qui travaille 24 heures par semaine pour 780 euros net dans un ménage de quatre personnes n’est pas dans la misère. Surtout à la campagne ou dans une petite ville du centre. Mais une salariée parisienne dans une famille monoparentale, c’est limite ; un père de famille avec une compagne inactive et trois enfants, impossible.

La diversité des situations nous dit bien qu’il faut faire la différence entre salaire de base et revenu. Le salaire de base vise à améliorer l’emploi sur un marché pour les tâches les plus simples. L’équilibre du revenu familial est un devoir de la solidarité. L’un relève du marché, l’autre de l’État. On peut bloquer le SMIC français pour peu à peu l’amener à un niveau européen et revendiquer dans le même temps la concentration des revenus de solidarité sur les plus fragiles et donc les augmenter. N’oublions pas cependant que le SMIC est la base de calcul de l’échelle des salaires.

Mais, surtout, l’enjeu est de donner du mouvement à la vie de chacun. Le SMIC doit être un passage et pas un destin. On doit pouvoir progresser par l’ancienneté qui améliore le savoir-faire, par validation des compétences acquises, en utilisant des droits à la formation. Or 45 % des smicards ont plus de 40 ans, ce qui n’est pas acceptable. Là est l’échec des entreprises, de la formation continue, des syndicats. Chacun doit avoir droit au sentiment d’une vie qui se bâtit et qui avance. 

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