En juin 1875, visitant une région dévastée par les crues de la Garonne, le maréchal de Mac Mahon, en panne d’inspiration, s’était exclamé : « Que d’eau ! Que d’eau ! » À cette remarque profonde, passée à la postérité, le préfet qui l’accompagnait aurait répondu : « Et encore, monsieur le président, vous n’en voyez que le dessus ! » Vraie ou inventée, cette réplique sublime a fait pendant des années le bonheur de la presse satirique.

C’est au même Mac Mahon, alors général de division, que l’on attribue une autre phrase historique, en septembre 1855, au moment de la prise de Malakoff : « J’y suis, j’y reste. » En réalité, à la tête de ses zouaves, résistant aux Russes, il avait dit exactement : « Je suis dans Malakoff et je suis sûr de m’y maintenir. »

Face aux caprices du fleuve, pas question de faire les zouaves ! 

L’année suivante, quatre statues étaient érigées à Paris, de chaque côté des piles du pont de l’Alma, en hommage aux troupes ayant participé à la guerre de Crimée. N’en a subsisté qu’une seule à cet endroit, le fameux zouave, devenu la jauge symbolique des crues de la Seine. Lors de l’inondation catastrophique de 1910, ce soldat inconnu avait vu disparaître successivement ses guêtres, ses culottes bouffantes, sa longue cape, le bout de son fusil… et, noyé jusqu’aux épaules, il était à deux doigts de boire la tasse.

À chaque montée des eaux, les Parisiens ont pris l’habitude de le consulter, comme un oracle. Mais il faut se méfier des comparaisons avec les inondations des 150 années précédentes, car la statue a changé de hauteur depuis la reconstruction du pont en 1970. C’est avec des outils autrement plus sérieux que les responsables de Vigicrues étudient les données hydrologiques et hydrométriques de la Seine. On ne rigole pas avec l’eau. Face aux caprices du fleuve, pas question de faire les zouaves ! 

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