« Il y a peu d’espoir que la situation s’améliore rapidement »
Temps de lecture : 9 minutes
En quoi la sécheresse actuelle est-elle historique ?
Elle l’est d’un point de vue strictement statistique : les indices hydrologiques sont au niveau le plus bas depuis le début des observations systématiques, en 1958. Et cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Il faut tout d’abord se rappeler que cette sécheresse n’a pas commencé cet été, mais dès la fin de l’année dernière, avec des déficits de pluie assez forts et qui se cumulent, notamment dans le sud-ouest et l’ouest du pays. À cela se sont ajoutées les vagues de chaleur estivales, qui ont causé une évaporation très marquée : le peu d’eau qui est tombé s’est évaporé très vite ou n’a pas contribué aux écoulements vers les nappes phréatiques. Pour prendre des points de comparaison historiques, c’est comme si on avait conjugué la sécheresse de 1989-1990, avec un fort déficit hivernal, et celle de 1976, avec des chaleurs intenses, ce qui conduit aujourd’hui à une telle raréfaction de la ressource en eau.
Y a-t-il des différences fortes entre les régions ?
Il y a des variations selon les territoires et les types de nappe. En Rhône-Alpes, le manteau neigeux a été très faible cette année, et il a fondu très tôt, privant au printemps et en été les cours d’eau d’un grand réservoir naturel, ce qui peut expliquer le niveau très bas du Rhône ou du Var, par exemple.
« Si le débit des rivières est insuffisant, cela met en danger le refroidissement des centrales »
A contrario, les bassins Seine-Normandie ou Aquitaine se montrent plus résilients, car ils ont beaucoup absorbé de pluies l’an passé, et disposent de plusieurs couches de nappes superposées qui permettent d’amortir les sécheresses pendant les premiers mois. Mais si ces nappes sont plus lentes à se vider, cela signifie aussi qu’elles mettront plus de temps à se recharger, et qu’elles ne seraient pas capables de contrer plusieurs sécheresses à la suite.
Peut-on justement imaginer le scénario des mois à venir ?
Depuis quelques années, Météo-France propose des prévisions saisonnières assez pertinentes, qui peuvent aller jusqu’à trois mois, et donnent les grandes tendances à venir. Or, à l’heure actuelle, Météo-France prévoit que le prochain trimestre restera assez sec, et plus chaud que la moyenne.
Quant aux ressources en eaux souterraines, nous sommes en mesure d’étendre ces prévisions à six mois, et on ne voit pas d’amél
« Il y a peu d’espoir que la situation s’améliore rapidement »
Florence Habets
Pour l’hydroclimatologue Florence Habets, l’épisode de sécheresse que nous traversons en annonce d’autres, d’une ampleur encore inédite. Il faut nous y préparer.
[Que d’eau !]
Robert Solé
En juin 1875, visitant une région dévastée par les crues de la Garonne, le maréchal de Mac Mahon était visiblement en mal en panne d’inspiration.
Le cycle de l’eau potable et les usages de l’eau
Le cycle de l’eau potable et les usages de l’eau, deux infographies réalisées par Claire Martha.