C’était une grande période d’excitation et d’exaltation. Tout le pays était en armes, la guerre était déclarée, dans chaque poitrine brûlait le feu sacré du patriotisme. Les tambours battaient, les fanfares sonnaient, les pistolets pour enfants pétaradaient, les bottes de pétards sifflaient et crachaient. De toutes parts, sur tous les toits et sur tous les balcons, des bannières claquaient et brillaient au soleil. Chaque jour, les jeunes volontaires descendaient la grande avenue, beaux et joyeux dans leurs uniformes neufs, applaudis sur leur passage par leurs pères, mères, sœurs et fiancées qui les encourageaient d’une voix étranglée par le bonheur. La nuit, les gens se réunissaient pour écouter, le souffle coupé, les discours patriotiques qui les touchaient en leur for intérieur et qu’ils interrompaient à de courts intervalles par des tonnerres d’applaudissements, tandis que des larmes leur coulaient sur les joues. Dans les églises, les prêtres prêchaient la dévotion au drapeau et à la nation, et invoquaient le dieu des combats, en implorant son aide dans notre juste cause, par des torrents d’éloquence fervente qui bouleversaient chaque membre de l’assemblée. C’était vraiment une époque heureuse et bénie, et la demi-douzaine d’esprits chagrins qui osaient désapprouver la guerre et mettaient en doute sa noblesse,

Vous avez aimé ? Partagez-le !