Un an plus tard, l’Ukraine résiste. Sans doute est-ce l’information qui résume le mieux l’année terrible qui vient de s’écouler. Car, jour après jour, c’est bien l’imprévu qui domine. Rappelons-nous seulement notre sidération des premiers mois : la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, qui envahit son voisin au mépris du droit international ; la guerre éclair de Poutine qui s’enlise sous le regard des caméras ; les pays occidentaux qui surmontent immédiatement leurs divergences pour livrer des armes à Kiev ; l’une des plus puissantes armées du monde qui plie et recule partiellement sous la riposte ukrainienne ; enfin, les soldats russes laissant derrière eux d’innombrables charniers et des villes martyres.

La ligne d’affrontement sur le flanc est de l’Ukraine est devenue peu ou prou notre ligne de front.

Nous en sommes là. Aux confins de l’Union européenne, le tragique est de retour. Des dizaines de milliers de soldats des deux armées ont trouvé la mort sur le champ de bataille, sans compter des centaines de milliers de blessés. La ligne d’affrontement sur le flanc est de l’Ukraine est devenue peu ou prou notre ligne de front. Car si les Ukrainiens tiennent encore bon sous les coups redoublés des Russes, c’est pour une triple raison : d’abord, grâce au courage dont fait preuve la population tout entière ; ensuite, à cause du renseignement militaire, des équipements et des armes apportés par les pays occidentaux ; enfin, en vertu de la mobilisation de l’Union européenne dont les membres fournissent un accueil aux cinq millions de réfugiés et un approvisionnement continu en électricité, puisque le réseau ukrainien est désormais raccordé au réseau européen.

Ainsi, la guerre éclair rêvée par le Kremlin s’est-elle transformée en une guerre d’usure imprévisible, provoquant craintes et inquiétudes légitimes. Pour prendre la mesure de cette situation, le 1 a demandé à Michel Foucher, ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères, de relever le défi de se projeter dans les mois à venir. Rompant avec la doxa en cours, il écarte le scénario si souvent évoqué de « négociations » et ne prévoit un arrêt des combats que dans l’hypothèse d’un retrait total de l’armée russe. Le romancier Paul Greveillac décrypte pour sa part les motivations russes, et la sociologue Ioulia Shukan met en lumière les causes de la solidarité ukrainienne. Familier de la Russie et de l’Ukraine où il se rend régulièrement, le grand reporter Patrick de Saint-Exupéry raconte enfin dans un récit ample et puissant les enjeux profonds de ce conflit en mettant en scène Vladimir Poutine, ce chef d’État qui aime intimider en parlant le mat, l’argot de la pègre, et Volodymyr Zelensky, cet ancien amuseur public qui a su endosser avec cran l’habit d’un président en guerre. 

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