Chaque pays connaît ses heures ou ses instants de gloire qui résonnent à jamais dans la mémoire des peuples. Pour les hommes et les femmes de ma génération, comme pour nombre d’Égyptiens plus jeunes, l’histoire du canal de Suez en fait partie.

Il aura fallu dix ans pour creuser cette voie majeure pour le commerce mondial, ce trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Dès mes premières lectures, j’ai été choquée par le sacrifice des ouvriers égyptiens, taillables et corvéables à merci, travaillant dans des conditions inhumaines. Cent vingt mille d’entre eux l’avaient payé de leur vie.

Jeune étudiante, j’étais férue de lecture et me posais mille questions. À ma grande surprise, j’appris qu’en 1882 les forces britanniques, n’ayant pas réussi à entrer en Égypte par Alexandrie, avaient décidé d’occuper le pays en faisant passer leur flotte par le canal de Suez, plus à l’est. C’est là que Ferdinand de Lesseps, président de la Compagnie, nous a trahis. Il avait promis à Ahmed Orabi, le leader du mouvement nationaliste de l’époque, que le canal resterait neu

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