Ulysse s’éveilla,
s’assit, et réfléchit dans son âme et dans ses entrailles :
« Hélas ! en quelle terre encore ai-je échoué ?
Vais-je trouver des brutes, des sauvages sans justice,
ou des hommes hospitaliers, craignant les dieux ?
[…]
Alors, Nausicaa aux bras très blancs lui répondit :
« Étranger, qui ne semble sans raison ni sans noblesse,
Zeus est seul à donner aux hommes le bonheur,
aux nobles et aux gens de peu, selon son gré.
S’il t’a donné ces maux, il faut bien que tu les endures.
Mais, maintenant que tu es arrivé dans notre terre,
tu ne seras privé ni d’habits, ni d’aucune chose
qu’il convienne d’offrir aux misérables suppliants. »

L’Odyssée, Chant VI, traduction de Philippe Jaccottet
© Éditions La Découverte, 1982

L’Odyssée, cette épopée de l’errance, est aussi une histoire d’hospitalité. Celle de Nausicaa, par exemple, qui fait donner ici à Ulysse vêtements, nourriture et boissons. Accueillir l’étranger, c’est alors respecter les dieux. Être humain, en somme. Au contraire de Polyphème, monstre cyclope, qui se nourrit des migrants. 

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