Frédéric est un homme informé. Au saut du lit, sur son téléphone, il prend connaissance des alertes de la nuit. Puis, en avalant son petit-déjeuner, il zappe d’une matinale radiophonique à l’autre. C’est sur son ordinateur, au bureau, qu’il reçoit les flashs d’actualité. Dans la soirée, disposant enfin de temps, il vagabonde pendant deux ou trois heures sur les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. 

Après la Coupe du monde de football, il y a eu un creux. Toutes les demi-heures, BFM TV, CNews et LCI meublaient comme elles pouvaient. Est arrivée heureusement l’affaire Benalla, aussitôt qualifiée d’affaire d’État par des journaux très sérieux. Mais après des semaines de cuisson, elle est retombée comme un soufflé, et rien d’autre ne prenait. La France s’ennuyait. Il a fallu attendre les Gilets jaunes pour que les affaires reprennent. 

Entre des vidéos de casseurs qui passaient en boucle et des interviews d’inconnus qui réclamaient la lune, les commentateurs, droits dans leurs bottes, n’arrêtaient pas d’expliquer ce que le gouvernement n’avait pas fait, aurait dû faire, ne ferait pas… 

Ces derniers jours, l’estomac noué, Frédéric ne dormait plus. Sur le conseil de ses amis, il s’est décidé à consulter. 

« Vous êtes atteint d’une surcharge informationnelle, lui a dit un grand professeur de médecine. Votre cerveau n’arrive plus à assimiler. Je ne voudrais pas vous inquiéter, mais l’infobésité, qui était une maladie rare, tourne à l’épidémie. »

Frédéric s’est vu prescrire une diète médiatique de six mois : ni direct ni replay, ni Facebook ni Twitter, et aucun grignotage dans la journée. Héroïquement, il a tenu vingt-quatre heures. 

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