Nous sommes deux. Deux femmes, l’une transgenre et l’autre cisgenre. Nous cheminons côte à côte dans une rue piétonne d’une grande ville de France. Soudain, de quelque part sur notre gauche, fuse un « t’as vu le trans ». Nous échangeons un regard : je suis atterrée, elle est blessée. Pour nous deux, cette simple phrase est pire que l’insulte qu’elle n’est pas. Donnée sous le couvert d’un simple constat, elle délégitime d’un coup la féminité de l’une de nous. L’une de nous ne serait pas une « vraie » femme et ce, doublement : par le fait d’avoir fait une transition à un moment de sa vie (« trans ») et par le fait d’être, au bout du compte, un homme (« le »). Sa féminité serait une falsification quand la mienne est supposée être authentique. Cette petite phrase est très caractéristique d’une conception essentialiste de l’identité personnelle qui est toujours en quête d’une vérité en dernière instance. Pourtant, si l’on veut bien y réfléchir, cette quê

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