Le revenu universel est défini par le Mouvement français pour un revenu de base comme « un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur une base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement ». Dans la pratique, les différentes expérimentations lancées depuis les années 1970 répondent rarement à cette définition. Les variations sont nombreuses. Le dispositif est, pour le moment, souvent réservé aux chômeurs ou aux pauvres, limité dans le temps, financé par une ONG, une entreprise ou les citoyens eux-mêmes… Voici un tour d’horizon des principales initiatives à travers le monde. 

Canada
La ville de Dauphin, située dans la province du Manitoba, au centre du pays, est l’un des premiers centres urbains à avoir expérimenté le revenu universel, entre 1974 et 1979. Le programme gouvernemental baptisé Mincome a profité à la totalité de ses 10 000 habitants. Les effets constatés sur cinq ans sont positifs : maintien du nombre d’heures travaillées, augmentation du taux de réussite des lycéens, baisse de la fréquentation des hôpitaux de 8,5 % et forte diminution des accidents de travail. Le projet fut abandonné au bout de cinq ans, faute de budget, mais la province de l’Ontario a récemment fait part de sa volonté de tenter l’expérience à son tour. 

États-Unis
Depuis 1982, l’Alaska redistribue à ses 731 000 habitants une partie de sa rente pétrolière. La seule condition pour en bénéficier : y résider depuis le début de l’année calendaire précédant le moment de la demande. La nationalité américaine n’est pas requise. Souvent cité comme exemple à exporter, le Permanent Fund Dividend Program n’est pourtant pas un réel revenu de base : versé une seule fois par an, son montant fluctue selon les années, entre 900 et 2 000 dollars. Il ne permet donc pas de subvenir aux besoins vitaux de la population. Pour Karl Widerquist, coauteur de Exporting the Alaska Model (Palgrave Macmillan, 2012), ce complément « fait clairement la différence pour les familles les plus pauvres, notamment les mères célibataires ». Selon une étude menée par l’université d’Anchorage, le programme maintiendrait hors de la pauvreté entre 15 000 et 25 000 Alaskiens en fonction des années.

Brésil
Mise en place par le président Lula, la Bolsa família (bourse familiale) est un programme social destiné à aider les Brésiliens vivant sous le seuil de pauvreté, soit plus de 12 millions de personnes. Chaque mois, une allocation pouvant aller jusqu’à 200 réals (environ 60 euros) est versée aux familles à condition que les enfants aillent à l’école et soient vaccinés. En 2004, le Parti des travailleurs a franchi un pas supplémentaire en inscrivant dans la Constitution le revenu universel comme un objectif à atteindre.

Namibie
Depuis 2008, un projet pilote est mené par des organisations non gouvernementales allemandes proches des Églises évangéliques dans le village d’Otjivero. Ses 1 200 habitants reçoivent chaque mois 100 dollars namibiens, soit l’équivalent de 7 euros. Le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté est passé de 76 à 37 % et celui des enfants sous-alimentés de 50 % à moins de 10 %. La quasi-totalité des élèves terminent désormais leur scolarité. La criminalité a quant à elle baissé. 

Inde
Entre 2011 et 2013, les habitants de huit villages de l’État du Madhya Pradesh ont fait l’expérience d’un revenu de base de 200 roupies (2,70 euros), dans le cadre d’une étude lancée par les femmes de l’Association des travailleuses autonomes (SEWA). Au total, 6 000 hommes, femmes et enfants ont participé à l’expérimentation financée par l’UNICEF. À l’issue de la période, on a comparé les résultats obtenus dans ces localités avec ceux de douze autres villages de la région. Dans les zones bénéficiant du revenu de base, le niveau de santé des habitants a augmenté, leur régime alimentaire s’est amélioré et le taux d’absentéisme à l’école a baissé. Le revenu universel a également encouragé les Indiens à se lancer dans divers projets entrepreneuriaux, stimulant l’économie locale.

Pour Guy Standing, économiste britannique et membre fondateur du Basic Income Earth Network, « il s’agit, à ce jour, de l’expérimentation la plus complète et la plus satisfaisante qui ait été menée dans le monde ». Le gouvernement indien envisagerait aujourd’hui la mise en place d’un programme similaire à l’échelle du pays.

Finlande
Depuis le début de l’année, 2 000 demandeurs d’emplois âgés de 25 à 58 ans, sélectionnés au hasard, reçoivent 560 euros par mois. Ce revenu remplacera leur allocation chômage pendant deux ans. Dans le cas où ils trouveraient un travail, les chômeurs pourront continuer à percevoir le revenu de base, quel que soit le salaire reçu. L’État comparera le parcours de ces 2 000 citoyens à celui d’un groupe test de chômeurs soumis au régime général. L’objectif est de déterminer si ces 2 000 chômeurs sont plus motivés à chercher un emploi ou à se lancer dans l’entrepreneuriat. Si les conclusions sont satisfaisantes, le programme sera étendu à l’ensemble du pays. 

Partout dans le monde, d’autres microprogrammes sont en cours. La Californie et les Pays-Bas sont les derniers à s’être lancés dans l’expérience. En France, c’est le département de la Gironde qui s’apprête à sauter le pas. Bien que le projet soit encore à l’étude, l’objectif est bien d’expérimenter le revenu de base sur un échantillon de la population girondine d’ici deux ou trois ans. 

 

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