Pour quelles raisons vous êtes-vous intéressé au revenu universel ?

Gaspard Koenig :L’idée fait partie du corpus libéral. C’est Milton Friedman qui a relancé le débat dans Capitalisme et liberté, chapitre 12 : comment éradiquer la pauvreté d’une manière libérale, c’est-à-dire non paternaliste. Du reste, il ne propose pas exactement un revenu universel. Il considère que, à partir du moment où des gens se retrouvent dans la grande pauvreté, la meilleure manière de procéder, c’est de donner du cash à tout le monde. C’est un argument qui sera repris par Martin Luther King qui explique que, plutôt que de s’attaquer aux causes de la pauvreté comme le logement, il faut s’attaquer à la pauvreté elle-même. J’avais cette petite musique en tête. 

Quelle forme donneriez-vous à ce revenu universel ?

Gaspard Koenig :J’ai travaillé avec l’AIRE, une association favorable à l’instauration d’un revenu d’existence et qui réfléchit à cette question depuis 1989. Mon option est bien de donner à chacun un revenu mensuel, de la naissance à la mort, sous forme de crédit d’impôt. C’est un système extrêmement flexible et automatique qui s’adapte à la disparité des revenus. Un phénomène qui deviendra la norme dans un monde post-salarial. Il s’agit d’un filet de sécurité qui éradique la grande pauvreté et supprime l’angoisse d’y tomber. Cela ne change pas grand-chose financièrement par rapport au RSA – environ 50 euros de plus –, mais cela change tout dans la vie des gens qui perdent un temps fou à effectuer des démarches, sont dans une peur constante de l’administration et craignent de perdre leurs allocations. Ils échapperont à cette bureaucratie sociale humiliante pour les allocataires. 

Actuellement, le taux de non-recours au RSA est de l’ordre de 30 à 60 % selon les catégories. Dans une société riche et civilisée, on peut se dire que la subsistance – pouvoir répondre à ses besoins de base &ndas

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