Comment voulez-vous dormir tranquille ? Pas un jour ne passe sans que survienne une catastrophe : inondation, avalanche, séisme, incendie de forêt, marée noire, déraillement, fuite radioactive, explosion, nuage toxique… Mais les lecteurs du 1 méritent d’être rassurés, et j’aimerais m’y employer ici, malgré le peu d’espace que me concède la direction.

Une nouvelle science, la cindynique (du grec kindunos, danger), a vu le jour ces dernières années. Faisant appel à toutes les disciplines (de la météorologie à la chimie, en passant par l’ergonomie et la psychologie), elle identifie l’ensemble des risques – naturels, technologiques ou industriels – ainsi que leur probabilité, pour les hiérarchiser et les prévenir. Autant dire que les cindyniciens, qui sont au cœur de nos problèmes quotidiens, ont les mains dans le cambouis.

Au terme de nombreuses lectures sur leurs travaux, j’ai retenu quelques idées fortes :

– les mesures du risque sont sujettes à des ambiguïtés téléologiques (sur les finalités) et épistémiques (sur les modèles) ;

– le repérage des déficits systémiques cindynogènes implique la prise en compte d’un principe interactionniste ;

– en tant que processus causes-conséquences, la vulnérogénèse, ou état de vulnérabilité, aboutit à un déséquilibre homéostatique.

Ces analyses donnent un sentiment de sécurité. Les cindyniciens vont certainement affiner encore leurs recommandations. La gestion des risques s’améliore de jour en jour. Bientôt, peut-être, nous ne risquerons plus rien. Il apparaît déjà que les finalités cindynogènes et cindynolytiques, qui sont généralement en conflit, peuvent s’accorder dans certains cas. Ce qui est tout de même très rassurant. 

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