De la Syrie à l’Ukraine, « partir pour sauver sa peau »
L’écrivain franco-syrien Omar Youssef Souleimane a récemment publié Une chambre en exil (Flammarion). Ce même exil qu’il retrouve chez les Ukrainiens ayant fui leur pays, et dont il comprend la souffrance.
Quelle est votre météo intérieure en ce moment ?
Agitée, traversée par beaucoup d’émotions. Je suis par exemple très heureux de la réception de mon dernier roman, Une chambre en exil (Flammarion, 2022), mais je suis aussi indigné par certaines choses.
Qu’est-ce qui vous a mis en colère ?
La guerre en Ukraine. Nous, les Syriens, avons le même ennemi que les Ukrainiens : Vladimir Poutine, qui a sauvé le régime dictatorial en Syrie depuis son intervention en 2014. Vladimir Poutine et Bachar El-Assad ont le même destin, et beaucoup de Syriens ont très sérieusement envisagé d’aller se battre en Ukraine pour défendre la démocratie. Car la guerre en Ukraine, c’est avant tout une menace pour la démocratie. Et les Syriens vivant en Europe le comprennent très bien.
Nous partageons aussi l’exil avec les Ukrainiens. Être arraché, déraciné de son propre territoire du jour au lendemain, tout perdre, partir pour sauver sa peau. Aujourd’hui, plus de 5 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, et depuis le début de la guerre en Syrie, 13 millions de personnes ont quitté leur foyer, pour aller à l’étranger ou dans une autre région, ce qui représente plus de la moitié de la population estimée. Nous partageons donc beaucoup de choses avec les Ukrainiens et nous ne voulons pas de cette guerre.
L’asymétrie dans l’accueil des réfugiés selon leur origine vous a-t-elle fait réagir ?
Évidemment, c’est une honte pour l’Europe de relativiser la douleur des autres et d’oublier, parfois, le principe d’égalité, pourtant si cher au continent. Peut-être que certaines personnes se disaient, à propos des Ukrainiens, qu’ils étaient de civilisation européenne, qu’ils avaient la même culture… Mais ce n’est pas la principale raison de cette as
