Le poids des mots
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« Rien n’était écrit », a déclaré Emmanuel Macron lors de son discours du Louvre qui, par sa mise en scène, se réclamait de l’histoire et de ses symboles. La campagne présidentielle a montré combien il est périlleux de convoquer le passé, surtout quand il passe mal. Marine Le Pen l’a mesuré à ses dépens quand elle a voulu exonérer la France de toute responsabilité dans la rafle du Vél’ d’Hiv de juillet 1942, lorsque 13 000 Juifs furent arrêtés et parqués par la police française sur ordre de Vichy, avant d’être acheminés vers les camps de la mort. Et ce fut un comble de voir la candidate du FN réciter le « beau mensonge » du général de Gaulle, honni depuis toujours par son parti, pour affirmer qu’à cette époque la France était à Londres et non à Vichy. Jacques Chirac en 1995, puis François Hollande, n’ont-ils pas depuis reconnu que la France avait alors commis l’irréparable ?
Le candidat Macron a lui aussi suscité une vive émotion en estimant, sur le sol algérien, que la colonisation était « un crime contre l’humanité, une vraie barbarie », allant jusqu’à présenter nos excuses « à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes ». L’historien Benjamin Stora a eu les mots les plus justes, estimant que la mémoire d’un homme de 39 ans butait sur les exactions commises en Algérie, comme celle de nos aînés s’était cognée à la Shoah. Affaire de génération ? En 1960, un jeune énarque scandalisait en parlant déjà de crimes contre l’humanité commis contre les paysans algériens. Il s’appelait Michel Rocard.
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