Pendant deux siècles, le français a été la langue de la diplomatie internationale. Cela tenait à sa clarté et à sa précision, mais surtout à des raisons démographiques, économiques et religieuses. Paradoxalement, c’est à Paris, en 1919, que cette hégémonie a pris fin, lors de la Conférence de la paix : en présence du président des États-Unis Woodrow Wilson, la langue de Molière s’est retrouvée à égalité avec celle de Shakespeare et de Davy Crockett.

Si la France a aujourd’hui tant de mal à se faire entendre dans le monde, ce ne peut être simplement parce que son bel idiome a été supplanté peu à peu par un anglais d’aéroport. Plusieurs explications viennent à l’esprit.

Première hypothèse : la voix de la France ne porte plus parce qu’elle est voilée, trop timide, avec une hauteur insuffisante. On ne le dira jamais assez : il faut ar-ti-cu-ler !

Deuxième hypothèse : la patrie des droits de l’homme est inaudible parce que le concert des nations devient une cacophonie : même les plus petits États veulent jouer leur partition, sans compter les sociétés civiles. D’autres anciennes puissances coloniales, comme le Royaume-Uni, n’ont-elles pas autant de mal à se faire entendre ?

Troisième hypothèse : ce n’est pas l’émetteur qui fait défaut, mais l’auditeur. La France s’exprime parfaitement ; elle dit exactement ce qu’il faut dire ; ses fortes paroles devraient soulever l’enthousiasme et mobiliser l’ensemble de la planète. Mais les autres peuples s’obstinent à se boucher les oreilles. N’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Reste une quatrième explication : les interférences acoustiques. Quand la France donne l’impression de courir deux lièvres à la fois (Israël le lundi, Palestine le mardi…), on assiste à la superposition de phénomènes vibratoires de fréquences voisines. C’est un problème bien connu des physiciens, appelé l’« en même temps ». 

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