Entreprendre un coup d’État militaire ? Rien de plus banal aujourd’hui en Afrique. Encore faut-il réussir cette affaire un peu délicate. Sauf erreur, le manuel du parfait putschiste, qui tient en dix commandements, n’est pas encore enseigné à l’École de guerre.

1) De la cible à abattre tu te rapprocheras, car un président de la République est normalement renversé par le chef de la garde républicaine.

2) Devant les caméras tu apparaîtras, soit en treillis militaire et encagoulé à la manière d’un vrai combattant, soit en grand uniforme, décoré comme un arbre de Noël.

3) En sauveur tu te présenteras, pour délivrer le peuple de l’oppression, de la corruption, de la pauvreté, du terrorisme, des agents de l’étranger et de tout ce qui te passera par la tête.

4) À tes concitoyens et au reste du monde tu expliqueras que l’armée n’a aucune intention de diriger le pays : un coup d’État militaire est toujours destiné à redonner le pouvoir aux civils.

5) À la présidence tu t’autodésigneras et organiseras de grandioses manifestations pour que le peuple soutienne avec ferveur ton attachement à la démocratie.

6) Avec audace et courage, tu bâillonneras les médias et embastilleras les mécontents.

7) À Wagner tu t’en remettras, et sur la France tu cracheras en lui attribuant les pires intentions.

8) Des élections libres et un référendum constitutionnel tu promettras, après une période de transition limitée.

9) Maître des horloges tu resteras, les promesses n’engageant que ceux qui y croient.

10) De ta garde rapprochée tu te méfieras, car un contre-putsch est vite arrivé.

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