Dans le recueil Meadowlands, la Prix Nobel Louise Glück mêle à des évocations de l’Odyssée le récit d’un couple en crise. Tant le pouvoir obéit aux mêmes lois que nos vies sentimentales. Emmanuel Macron saura-t-il reconquérir les Français, alors que notre monde se prépare aux bouleversements climatiques ? 

En regardant devant lui, le grand roi
ne voyait pas le destin mais simplement
l’aube étinceler sur
l’île inconnue : en tant que roi
il pensait à l’impératif – mieux vaut
ne pas changer de direction, mieux vaut
continuer à aller de l’avant
par-delà les eaux radieuses. De toute façon,
qu’est-ce que le destin sinon une stratégie pour ignorer 
l’histoire, avec ses dilemmes
moraux, une façon de considérer
le présent, quand les décisions
sont prises, comme le lien
nécessaire entre le passé (des images du roi
alors jeune prince) et l’avenir glorieux (des images
de jeunes filles esclaves). Quoi qu’il
y eût devant lui, pourquoi cela devait-il être
si aveuglant ? Qui aurait pu croire
que ce n’était pas le soleil ordinaire
mais des flammes s’élevant sur un monde
sur le point de disparaître ?

Louise Glück, Meadowlands
© Éditions Gallimard, 2022, pour la traduction de Marie Olivier

 

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