Les révolutions modernes auraient-elles absolument besoin d’un nom de baptême ? Les manifestations d’octobre 2000 en Serbie ont été qualifiées de « révolution des Bulldozers » parce qu’un engin de terrassement avait enfoncé l’entrée du bâtiment de la radiotélévision à Belgrade. Celles de Hong Kong, en 2014, sont devenues la « révolution des Parapluies » quand les opposants ont ouvert leurs pépins pour se protéger des gaz au poivre de la police.

Les fleurs sont à l’honneur depuis la révolution des Œillets, survenue en 1974 au Portugal : révolution des Roses en Géorgie (2003), des Tulipes au Kirghizistan (2005), du Jasmin en Tunisie (2010)… Ces jardins enchantés masquent la violence et les souffrances que peuvent entraîner de telles insurrections. Oubliant toutes les horreurs commises lors de la Commune de Paris, dont elle avait été l’une des grandes figures, Louise Michel écrivait dans ses Mémoires : « La révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du cœur. »

Ce n’est pas la poésie de son nom qui fait le succès d’une révolution. Le nom n’a d’ailleurs pas forcément de rapport direct avec les événements en cours. Ces appellations non contrôlées sont parfois inventées de toutes pièces par les médias internationaux ou par des conseillers en communication. C’est ainsi que les émeutes de 2005 au Kirghizistan ont été qualifiées successivement de « Révolution rose », de « révolution des Citrons », de « révolution des Jonquilles », avant que les tulipes ne s’imposent. Et, avec le recul, on s’aperçoit que ce n’était pas vraiment une révolution, mais un coup d’État déguisé. 

 

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