L’annonce par l’ÉTAT de la privatisation d’ADP (ex-Aéroports de Paris), de la Française des jeux et de son désengagement d’Engie, peut-être demain des routes nationales, relance la question de la justification des privatisations, du rôle dans l’économie de la puissance publique, de ses intérêts stratégiques et du financement des infrastructures pour des pays endettés. Le débat ne se cantonne évidemment pas à la France et il n’est pas nouveau. Au-delà de leurs interventions indirectes, les États ont également mobilisé toute une gamme d’instruments pour renouveler des formes d’interventions directes visant à créer, influencer ou structurer des marchés. 

Des États recomposés

Avant de tenter de mesurer l’évolution du poids de l’État dans l’économie et de rendre compte de ses interventions directes et indirectes, il faut d’abord rappeler les transformations profondes des États en Europe, auxquelles n’échappe pas la France. 

Premièrement, les élites des États rendent des comptes à leurs citoyens, mais pas seulement. Les élites administratives et politiques des pays membres de l’Union européenne sont dépendantes les unes des autres et de la Commission européenne. Elles se coordonnent, se contraignent et se surveillent étroitement pour tout un ensemble de politiques, notamment économiques – par exemple, pour les aides d’État aux entreprises, les questions de règlementations et de normes ou la politique de concurrence. Les élites des États endettés rendent aussi des comptes aux marchés financiers (qui votent toutes les semaines en accordant des prêts) et aux entreprises qui investissent ou non. Quand on rend des comptes à trois groupes bien différents, mettre en 

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