« L’État ne peut pas tout. » Cette phrase lâchée par Lionel Jospin en 2000 pour dire l’impuissance de son gouvernement face à la décision d’une grande entreprise de fermer une usine à Vilvorde est restée dans l’histoire comme le signe de la fin d’une époque. Elle est la manifestation symbolique d’un déclin de la puissance publique entamé depuis plusieurs années, et qui éclatait à la face d’une population en colère. Dans des contextes différents, cette sentence devenue proverbiale est comme un boomerang qui revient, depuis près de vingt ans, au visage du personnel politique. Les Français lui reprochent, de manière paradoxale, à la fois son inaptitude à contrôler les finances publiques et son incapacité à maintenir la puissance de cet État tutélaire qui, en France plus qu’ailleurs, est considéré comme un élément central de l’identité nationale.

Pour comprendre ce phénomène, il convient de rappeler que la construction de l’État s’est, en France, effectuée parallèlement à la montée en puissance de l’autorité politique. Fidèle à cette histoire, le général de Gaulle a construit, bien avant son retour au pouvoir en 1958, sa conception d’une « certaine idée de la France » comme centrée sur l’État. La planification de l’économie a constitué le volant administratif d’un projet politique stato-centré, corollaire d’une méfiance vis-à-vis des forces du marché. « Pour nous, c’était Keynes et le plan », pouvait dire Yves Guéna, ancien ministre du Général devenu un proche de Jacques Chirac, en évoquant la première promotion de l&rsq

Vous avez aimé ? Partagez-le !