Le rouge et l’ocre
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Sur le site du ministère français des Affaires étrangères, les cartes des dix pays qui se partagent le Sahara sont particulièrement bariolées. En rouge, les zones formellement déconseillées aux voyageurs (risques : groupes armés, enlèvements, attaques terroristes) ; en orange, les zones déconseillées sauf raisons impératives ; en jaune, les zones en vigilance renforcée. Le vert – vigilance normale –, il n’y en a que sur un pays, le Maroc. Partout ailleurs, le rouge vif va de 100 % du territoire (Libye, Soudan), à 10 % environ (Tunisie), et en général il couvre spécifiquement les zones sahariennes et les frontières.
Des gens meurent sur toute la bande saharienne, soit parce qu’ils y font la guerre (28 militaires français sont tombés depuis sept ans au Mali ou en mission dans la zone), soit parce qu’ils en sont les victimes directes ou indirectes, soit parce que, venus du sud, ils essayent de traverser le grand désert vers une vie qu’ils espèrent meilleure.
Comme destination de vacances, on le voit, le Sahara est plus que problématique, même si quelques tour-operators proposent des treks sécurisés en Mauritanie, au Maroc, en Tunisie et dans une moindre mesure en Algérie. Mais comme le montre ce numéro du 1, le Sahara a ceci de magique qu’on y voyage facilement et pour pas cher par Air Imagination, Rêvetour, Nostalgic Airways… L’appel du désert touche beaucoup d’entre nous, humains : ah, ce vide minéral sous le ciel où nous nous sentons à la fois tout petits et grandis ! Mais ce que nous apprennent les auteurs de ce numéro, c’est qu’il y a une « Passion Sahara » spécifiquement française, née voici près de deux siècles et nourrie – entre autres – des mythes coloniaux.
Connaissez-vous les rencontres sahariennes en Auvergne ? Le Forum méhariste ? L’Amicale des Sahariens et son millier de membres ? L’un de ces associatifs passionnés s’appelle Bernard Adell. Mécanicien auto de profession, il est tombé amoureux du désert en faisant l’un des premiers Paris-Dakar. Dans une rue calme du Crès, une banlieue de Montpellier, il a construit un petit fortin ocre et blanc. Sous le drapeau français, une enseigne : Musée saharien. Il y a rassemblé une incroyable collection : uniformes et objets militaires, artisanat maure et touareg, pièces archéologiques, raretés géologiques et même la reproduction grandeur nature d’un char garamantique, véhicule représenté sur les peintures rupestres du Tassili en Algérie. Allez écouter Bernard Adell vous raconter son musée. C’est intéressant (aussi pour les enfants), beau, émouvant. Une consolation quand le vrai Sahara se dérobe.
« Le Sahara est le grand sablier de notre imaginaire »
Bruno Doucey
Pourquoi sommes-nous fascinés par le Sahara, génération après génération ?
Le Sahara, c’est l’immense tache blanche de la conscience occidentale. Terre inconnue, mais aussi surface de pr…
Un sable qui ne sert à rien...
Aline Richard Zivohlava
Les marchands de sable boudent le Sahara. Et pourtant, le grand désert africain est le premier gisement de la planète pour cette ressource minérale indispensable au BTP et à nombre d’industries. Le paradoxe n’est qu’apparent : il y a s…
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