Nous sommes dans votre bibliothèque, vous avez là quelque deux mille ouvrages consacrés au désert. D’où est née cette passion ?

Je suis issu de cinq générations de Français nés en Algérie, où ma mère et sa famille ont choisi de rester après l’indépendance. J’allais à l’école en France et je rentrais pour les vacances. Vers 14 ans, j’ai eu un coup de foudre pour le désert. Je me suis tellement passionné qu’un ancien méhariste français a décidé de me guider dans mes lectures et de me faire rencontrer Théodore Monod. Je suis allé le voir au Muséum d’histoire naturelle et nous avons parlé pendant trois heures – pour un gamin de 17 ans, vous imaginez ! Nous avons été amis jusqu’à sa disparition en 2000. J’étais autodidacte, et c’est lui qui m’a poussé à approfondir mes connaissances, à étudier l’histoire du Sahara, sa faune, sa flore, sa géologie. Et surtout à oser écrire ! Il a préfacé plusieurs de mes ouvrages et nous avons réalisé ensemble le livre Déserts.

C’est comme si le Sahara avait été « découvert » il y a deux siècles, comment l’expliquer ?

Dire que le Sahara au milieu du XIXe siècle est une terra incognita pour les Européens n’est pas une simple formule. Une grande coupure s’est installée avec la conquête musulmane et, pendant des siècles, l’Afrique du Nord est oubliée. Les récits arabes comme ceux d’Al-Idrîsî ou d’Ibn Battûta ne sont pas lus. Les seuls à voyager entre les deux rives sont des juifs qui fournissent les portulans (cartes maritimes). La Description de l’Afrique de Dapper, un imposant in-octavo publié à la fin du XVIIe siècle, offre la somme des savoirs disponibles à l’époque, mais il n’est pas d’un grand secours pour les voyageurs. L’ensemble du continent africain n’est alors connu que par les côtes. Théodore Monod disait que c’était « une Afrique de marins ». Lui-même avait commencé sa vie de scientifique comme océ

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