La Normandie en ordre de bataille
Temps de lecture : 7 minutes
Le terminus du bus se nomme « Orano ». À l’intérieur du véhicule ce jeudi 12 janvier, tous les passagers vont à l’usine de retraitement des déchets nucléaires du même nom située à la Hague en Normandie, ou bien en reviennent. « Moi j’y travaille avec Michel C. », dit un jeune homme en répondant aux questions d’un groupe de femmes qui occupe les sièges voisins. « Mais c’est mon frère ! s’exclame l’une de ses interlocutrices. Le monde est si petit ! » Surtout ici. Dans le Nord-Cotentin, une personne sur trois travaille dans le nucléaire. « Tout le monde a un copain ou un cousin dans le secteur », sourit un autre usager. Une pluie fine claque doucement sur les vitres, les plages normandes sont majestueuses, mais les regards et les pensées ne divaguent jamais très longtemps sur la ligne A qui relie Cherbourg et la Hague. Le bus approche du site Orano, et le paysage n’est déjà plus qu’une immense usine.
Orano la Hague s’étale sur près de 300 hectares, « une ville dans la ville » où débarquent chaque année 1 200 tonnes de déchets radioactifs en provenance des centrales d’EDF. 5 000 personnes viennent y travailler tous les jours. Dans un rayon de 20 kilomètres, on trouve aussi la centrale de Flamanville et l’arsenal nucléaire de Cherbourg. En élargissant le cercle : les centrales de Penly et de Paluel ou encore le centre de stockage des déchets radioactifs de la Manche. Si l’on tient compte du tissu des sous-traitants qu’il fait vivre, le nucléaire est le premier employeur et le premier contributeur économique de la région. L’ensemble fait aussi de la Normandie la région la plus nucléarisée au monde en proportion du nombre d’habitants. « Et ça ne va pas changer sauf si vous voulez vous éclairer à la bougie », prévient Michel,
« Il faut repenser notre rapport à l’énergie »
Phuc-Vinh Nguyen
Phuc-Vinh Nguyen, spécialiste des politiques énergétiques, plaide pour que les grandes orientations de notre pays dans le domaine des énergies fassent l’objet d’un véritable débat public.
[Fusion]
Robert Solé
Des scientifiques travaillent d’arrache-pied pour remplacer la fission par la fusion, le nucléaire qui terrorise par un nucléaire absolument vertueux qui ferait l’unanimité et résoudrait tous nos maux.
La Normandie en ordre de bataille
Floriane Louison
Dans le Nord-Cotentin, une personne sur trois travaille déjà dans le nucléaire. Reportage à la Hague, où se situent une usine de retraitement des déchets nucléaires et une nouvelle école de soudure.