La France s’est constituée autour de l’alliance du trône et de l’autel. « Un roi, une foi, une loi. » Par la suite, elle a sagement institué la séparation de l’Église et de l’État. Cela n’a pas empêché la Ve République d’organiser une messe solennelle à Notre-Dame de Paris à l’occasion des obsèques de chacun de ses présidents décédés : le général de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand. À croire que ce pays largement déchristianisé est incapable d’enterrer ses morts illustres sans le secours de l’Église. 

Paradoxalement, c’est pour un chef d’État socialiste que cette dimension religieuse a été le plus prononcée. Lors du décès de François Mitterrand, le seul discours officiel a été l’homélie de l’archevêque de Paris à Notre-Dame, devant toute la classe politique et les représentants de 150 pays.

Une atteinte à la loi de 1905 ? En réalité, ces événements témoignent d’une démocratie apaisée, capable de dépasser les vieux clivages et sachant se montrer unie dans les grands moments. La laïcité a été parfaitement intégrée, et seul un certain islam, se voulant conquérant ou organisé par des États étrangers, lui pose problème.

C’est aussi parce qu’elle a perdu de son influence et inquiète moins que l’Église s’insère si bien dans le paysage républicain. L’incendie du 15 avril n’est pas un signe du ciel, destiné à rappeler à la France ses racines chrétiennes. L’émotion et la mobilisation qu’il a suscitées ont souligné néanmoins l’importance d’un patrimoine commun. Et mis un peu de baume au cœur des catholiques, alors que leur Église, en pleine tourmente à cause des scandales de pédophilie, a autant besoin d’être reconstruite que la cathédrale de Paris. 

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