Numérique

Lutter contre la fracture numérique

Outre les difficultés liées au coût des appareils et aux zones blanches sans accès à Internet, 17 % des Français souffrent d’illectronisme – l’incapacité à utiliser le numérique. Et plus d’un usager sur trois manque des connaissances de base. Cela complexifie bon nombre de demandes d’aides ou de recherches d’emploi. Et contrairement aux idées reçues, les jeunes ne sont pas épargnés : 29 % des 15-29 ans se disent peu ou pas du tout compétents pour accomplir leurs démarches administratives en ligne.

Les associations s’engagent :

Elles proposent un équipement à prix solidaire et des formations aux compétences numériques essentielles. Sur les dix-neuf sites d’Emmaüs Connect, par exemple, des usagers envoyés par les structures sociales peuvent établir leur « diagnostic numérique » puis bénéficier d’un accompagnement sur mesure.

Revenus

Atténuer la pauvreté monétaire

Pour aider les plus démunis, la puissance publique distribue des aides financières, propose une assistance face au surendettement et met en place depuis 2015 des Points conseil budget. Côté associations, on trouve des chèques services, des cours d’éducation financière ou encore des groupes de parole consacrés à l’argent.

→ Ce qui fonctionne :

La revalorisation de la prime d’activité – qui vise à encourager les travailleurs modestes à exercer ou à reprendre une activité en soutenant leur pouvoir d’achat – « a entraîné en 2019 une baisse de la pauvreté de l’ordre de 0,6 à 0,7 point », note le comité d’évaluation de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Mais cela a été contrebalancé par d’autres mesures, « comme les gels ou la sous-indexation des prestations ». Nombre d’associations réclament que les prestations sociales soient mieux indexées sur l’inflation.

Lutter contre le non-recours aux aides sociales

Mal informées, freinées par le « tout numérique » ou se sentant stigmatisées, une grande partie des personnes démunies ne demandent pas les aides auxquelles elles ont droit.

→ La piste du gouvernement :

Les « Territoires zéro non-recours », sont en cours d’expérimentation. Objectif : préparer la « solidarité à la source » en automatisant le versement des aides. Les différents organismes de protection sociale échangeraient mieux leurs données ; des ambassadeurs des droits seraient chargés d’informer les citoyens.

Emploi

Permettre l’accès ou le retour à un emploi de qualité

L’accès à l’emploi – et au salaire qui va avec – participe à la sortie de la pauvreté. Le taux de chômage est actuellement de 7,3 %, mais encore faut-il un emploi de qualité et qui corresponde aux attentes de chacun : dans un contexte de précarité et d’ubérisation du travail, 27 % des salariés à temps partiel déclarent vouloir travailler davantage. La France compte 1 million de travailleurs pauvres.

→ Une solution associative qui prend de l’ampleur :

L’association ATD Quart Monde a lancé en 2011 le projet « Territoires zéro chômeur de longue durée ». Le principe : plutôt que de verser des allocations chômage et des aides sociales, les collectivités locales et Pôle emploi financent des créations de postes dans des « entreprises à but d’emploi ».

Ces EBE répondent à des besoins non pourvus sur le territoire, comme du recyclage, du maraîchage, des services à la personne… La démarche « Zéro chômeur » a été inscrite dans la loi en 2016 et répliquée dans plusieurs régions. Aujourd’hui, 42 territoires expérimentaux emploient ainsi 1 385 personnes.

 

Enfance et jeunesse

Lutter contre les inégalités scolaires

Les enfants de familles pauvres disposent de moins bonnes conditions pour étudier, peuvent subir des préjugés de la part des équipes éducatives ou encore être orientés par défaut. 75 % des élèves de Segpa (sections « adaptées ») sont issus de milieux défavorisés. Lutter contre les inégalités scolaires est une condition indispensable pour endiguer la reproduction de la pauvreté.

Parmi les solutions existantes, on trouve le soutien scolaire, le tutorat, l’aide à la recherche de stages ou encore l’appui à l’orientation.

Démarche originale : La médiation entre enseignants et parents en situation de pauvreté, que mène par exemple ATD Quart Monde. Les parents, qui ont parfois une histoire difficile avec l’école, peuvent changer à cette occasion de regard, et les enseignants comprendre que, si telle fillette arrive fatiguée en classe, c’est peut-être parce qu’elle habite avec toute sa famille dans une chambre de 9 mètres carrés en « hôtel social ».

Aider une jeunesse en difficulté

Avec un taux de chômage à 17,8 %, les 15-24 ans en décrochage scolaire et professionnel sont particulièrement précaires. À travers les contrats d’engagement jeune (CEJ), l’État propose un parcours d’accompagnement intensif et une allocation sur quelques mois. Le plan « 1 jeune, 1 solution », avec ses 9 milliards d’euros, vient renforcer la démarche.

→ Les recommandations du monde associatif :

Ouvrir le RSA aux moins de 25 ans, qui n’y sont pas éligibles à l’heure actuelle. Des expérimentations existent, comme celle menée par la Métropole de Lyon. D’autres acteurs estiment que la prime d’activité est préférable, car elle incite à travailler.

Autre préconisation : favoriser l’accès aux études longues pour tous, notamment par une aide financière.

Accompagner les familles monoparentales

Vivant souvent dans des logements surpeuplés, avec un seul salaire, les familles monoparentales sont fragilisées. En 2018, 41 % des enfants issus de ces familles étaient pauvres.

La CAF prévoit un accompagnement pour leurs démarches ainsi qu’une allocation spécifique pour les parents seuls qui ne touchent pas de pension alimentaire.

→ Point d’attention :

Les modes de garde d’enfants sont cruciaux pour permettre au parent de continuer à travailler. Avec l’enjeu de répondre aux vrais besoins des travailleurs précaires : travail de nuit ou le week-end, horaires étendus pour les métiers de la restauration ou de l’entretien…

Logement

Trouver un toit pour tous

Mal-logement ou vie dans la rue, hébergement d’urgence, expulsion : l’absence de toit précipite souvent dans la marginalité. En raison d’un très faible roulement dans les logements sociaux, les places manquent. Des dispositifs comme Solibail permettent à des personnes peu fortunées de louer un logement à des particuliers, avec une association garante.

→ Ce que dit la loi :

Depuis 2007, la loi DALO (droit au logement opposable) oblige l’État à fournir un toit à ceux qui n’en ont pas. À défaut, ces personnes peuvent lui adresser un recours. En 2021, plus de 110 000 recours ont été déposés, avec 37,1 % de décisions favorables et 23 000 personnes relogées. Mais le DALO est trop peu appliqué, selon la Cour des comptes, notamment par manque de logements disponibles. Certaines structures appellent à réquisitionner les logements vides.

Accéder à un logement de qualité

Avec l’augmentation du coût de l’énergie, les associations alertent sur la précarité énergétique, qui empêche certains ménages de payer leurs factures de chauffage. En 2019, ils étaient 3,5 millions de ménages dans cette situation. Avec des conséquences sur la santé, mentale comme physique.

→ La réponse écoresponsable :

Depuis début 2020, le dispositif MaPrimeRénov’ aide les propriétaires à financer leurs travaux d’isolation ou leur changement de mode de chauffage. Objectif : rénover les passoires thermiques et améliorer le parc de logements existant. Près de 645 000 primes ont été accordées en 2021. Mais des acteurs comme le Réseau Action Climat dénoncent des rénovations incomplètes, qui ne permettent pas de réduire efficacement le gâchis d’énergie.

Vie quotidienne

Lutter contre l’insécurité alimentaire

Jusqu’à 7 millions de personnes auraient eu recours à l’aide alimentaire en 2020, soit plus de 10 % de la population française. La crise sanitaire a précipité de nombreuses familles dans le gouffre en raison de la perte de revenus ou de la fermeture des cantines scolaires.

Plus récemment, avec l’inflation, les besoins en aide alimentaire explosent. Des initiatives ciblent désormais les étudiants ou encore les enfants, à travers des petits-déjeuners ou des repas gratuits dans certains établissements scolaires. Les épiceries solidaires, elles, permettent aux plus démunis de se nourrir à tout petits prix.

→ Une aide d’urgence débloquée :

Le gouvernement a annoncé, mi-novembre, un fonds gouvernemental de60 millions d’euros pour 2023, afin de permettre aux plus fragiles d’accéder à une nourriture de qualité. Au programme : financement des grands réseaux de l’aide alimentaire, appels à projets pour soutenir des initiatives solidaires en circuit court, chèques alimentation durable, etc.

Permettre la mobilité de chacun

Indispensable pour se rendre au travail, se nourrir ou se soigner, la mobilité peut être difficile, soit parce qu’on habite loin de tout, soit en raison des coûts du carburant, de l’assurance auto ou des transports en commun. En cas de reprise d’emploi ou de formation, des aides financières de Pôle emploi permettent aux plus démunis de se déplacer.

→ La solution associative :

Les garages solidaires proposent des services de location, de réparation et de vente de véhicules à prix réduits pour des publics en difficulté. Le réseau Agil’ess, qui rassemble 45 garages adhérents, a ainsi réalisé, pour la seule année 2021, plus de 4 000 réparations et 89 000 journées de location de véhicules.

Lutter contre l’isolement social et culturel

Les plus pauvres doivent trop souvent renoncer aux loisirs et à la culture. Vacances en collectivité, spectacles gratuits, journées à la plage : le Secours populaire ou les Petits Frères des pauvres, mais aussi des municipalités, s’engagent pour permettre aux plus démunis de s’évader et leur éviter l’isolement.

Santé

Accompagner pour une meilleure santé physique

La pauvreté pousse certains à renoncer à des soins et rend plus vulnérable face à certaines maladies, comme la tuberculose ou le saturnisme, liés à l’insalubrité des logements. Cela se traduit par un écart important des espérances de vie : celle des hommes diplômés du supérieur dépasse de 7,5 ans celle des non-diplômés.

→ Une complémentaire santé pour tous :

À la Protection universelle maladie (Puma, ex-CMU) s’ajoute désormais la complémentaire santé solidaire (CSS), afin que chacun puisse disposer de lunettes ou de soins dentaires sans avance de frais. Fin 2019, 6,9 millions de personnes bénéficiaient de la CSS.

Soutenir la santé mentale

Isolement social, faible estime de soi, absence de soins psychologiques : la pauvreté entraîne souvent un lot de conséquences négatives sur la santé mentale.

→ Une priorité des acteurs sociaux :

La crise sanitaire a particulièrement affecté la santé mentale des enfants, adolescents et étudiants. Les professionnels appellent notamment à renforcer le rôle de la médecine scolaire et de la PMI (Protection maternelle et infantile).

 

La pauvreté en France en quelques chiffres

Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du revenu médian, soit 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule, 2 314 euros pour un couple avec deux enfants.

Sur les 10 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté en France (outremer compris), environ 2 millions sont en situation de « précarité matérielle sévère », ou grande pauvreté.

• 21 % des enfants étaient pauvres en 2018, soit près de3millions.

• L’outre-mer est particulièrement touché : 33% de pauvreté en Guadeloupe en 2017, 34% en Martinique, 42% à La Réunion, 53% en Guyane et 77% à Mayotte.

• 4 millions de personnes ne sont pas logées ou le sont mal (logement précaire, insalubre, trop petit…).

• Près d’un tiers des personnes immigrées sont pauvres, contre 13,2% des non-immigrées (chiffrede2018).

 

Montant des aides :

• RSA (revenu de solidarité active): 598,54euros pour une personne seule, 897,81euros pour un couple. 2millions d’allocataires fin 2020.

• ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées - ancien «Minimum vieillesse») : 953,45 euros maximum pour une personne seule, 1 480,24 euros pour un couple.

• AAH (allocation aux adultes handicapés) : maximum 956,65 euros.

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