NI VOITURE, ni métro, ni autobus : jusqu’en 2010, mon ami Ludovic ne jurait que par la marche. Pour se rendre au bureau, distant de plusieurs kilomètres de son domicile, il se contentait de mettre un pied devant l’autre et de recommencer. C’était son sport quotidien, le secret de sa bonne santé. Il alternait la marche classique avec la marche nordique ou la marche afghane, à défaut de pouvoir pratiquer en ville la marche masaï, sans chaussures, qu’il réservait pour l’été sur la plage.

En 2014, Ludovic a acheté une trottinette. En complet-veston sur sa planche à deux roues, il retrouvait les sensations de l’enfance. En bon sportif, il changeait régulièrement la jambe d’appui et allongeait au maximum la jambe de poussée pour solliciter le grand fessier. Il roulait même de temps en temps accroupi, effectuant des flexions en pleine course, pour mieux muscler cuisses et abdominaux.

Depuis l’année dernière, Ludovic est passé à la patinette électrique. Il arrive au bureau en moins d’un quart d’heure, frais comme un gardon, sans la moindre trace de transpiration. Au pied de l’immeuble, il n’a même pas besoin de porter son véhicule sur l’épaule, puisque c’est un engin de location qu’il laisse sur le trottoir.

Tourné vers l’avenir, Ludovic n’est pas homme à faire marche arrière. Grâce à la calculette et au clavier d’ordinateur, il ne sait plus compter ni écrire à la main. Grâce à l’agenda électronique et à Wikipedia, il ne retient ni les numéros ni les dates, et trouve tout ce qu’il veut avant même de l’avoir cherché. Bientôt, grâce à la patinette électrique, il ne saura plus marcher. 

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