COMMENT désigner les adolescentes d’aujourd’hui qui se prostituent ? Au fil du temps, leurs aînées ont eu droit à toutes sortes de sobriquets. « Péripatéticiennes », faussement solennel, s’inspirait pour rire des disciples d’Aristote, lequel avait l’habitude d’enseigner en se promenant. Des racoleuses donc, faisant le trottoir. Le langage argotique les a transformées en tapineuses, trotteuses ou asphalteuses. Pour les défenseurs de l’ordre, de la morale et des bonnes mœurs, ce sont des filles publiques ou des femmes de mauvaise vie. On les qualifie avec mépris et grossièreté de putains, de catins ou de grues, voire de traînées ou de roulures. Un peu plus de bienveillance et d’élégance leur ont valu les surnoms de filles de joie, courtisanes, belles-de-jour ou marchandes d’amour. Les intéressées n’ont que faire de ces parures : beaucoup de professionnelles – encore un qualificatif – se déclarent travailleuses du sexe et demandent à être respectées comme telles.

Aucun des termes précédents ne s’applique aux adolescentes qui octroient des faveurs d’ordre sexuel contre de l’argent ou des cadeaux. Elles-mêmes auraient du mal à définir leur activité. Dans ce monde parallèle, où des mineures prennent des risques majeurs, on parle d’escortes ou de michetonneuses. Quant aux supposés loverboys qui les piègent, avant de les pousser ou de les contraindre à vendre leurs charmes, ce sont tout simplement des proxénètes. Il paraît qu’à une époque lointaine, on disait prostituteurs ou prostitueurs. Ce dernier mot mériterait de retrouver sa place dans le dictionnaire : ne désigne-t-il pas assez bien ces criminels qu’on appelle – sans aucun respect pour les poissons – des maquereaux ?

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