Vincent Bolloré n’est pas seulement un grand patron : c’est un patriarche tout-puissant qui fait marcher sa tribu au doigt et à l’œil. Tous les ans, le 16 janvier, ses enfants, proches et employés sont invités à assister à une messe dans la chapelle du manoir familial, en Bretagne. Autre tradition, à laquelle il n’est pas recommandé de déroger : le ramassage des coquillages sur la plage, un jour de grande marée.

La plage a beau être vaste, M. Bolloré ne peut évidemment y convier l’ensemble des 79 000 collaborateurs de son groupe. Ceux-ci doivent se contenter d’imaginer le patron, chaussé de bottes en caoutchouc, portant un seau et muni d’un pied à coulisse pour mesurer la taille des trésors récoltés.

Le boulimique ramasseur de coquillages se fiche des cris d’orfraie que suscitent ses razzias

Mais pourquoi des coquillages ? Le milliardaire breton sait bien que très rares sont les huîtres contenant une perle. Le quidam qui en trouverait une serait sûr d’avoir sa photo le lendemain dans Ouest-France ou Le Télégramme (deux médias qui, précisons-le, ne sont pas tombés dans l’escarcelle de M. Bolloré).

Certains patrons de presse adorent les coquilles vides. Après s’être emparés de magazines en vue, ils s’empressent d’en chasser les journalistes pour les remplacer par de dociles employés, chargés de vendre l’audience à des annonceurs.

M. Bolloré, lui, ne joue pas le vide. Plein aux as, il entend peser sur le débat public. Son empire médiatique ne manque ni de contenu ni de journalistes. L’actualité y est traitée (ou maltraitée) par des stars de l’audiovisuel qui savent faire péter l’audimat, tout en caressant le citoyen dans le sens du poil. Le boulimique ramasseur de coquillages se fiche des cris d’orfraie que suscitent ses razzias. Il occupe la plage contre vents et marées. 

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