QU’IL soit en or, en argent ou en corde tressée, un bracelet est destiné à mettre en valeur une personne, à affirmer son appartenance à un groupe, à lui porter chance ou à la protéger contre le mauvais sort. Rien de tel pour le bracelet électronique de Nicolas Sarkozy, lequel a vu sa peine aménagée à domicile après avoir été condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des écoutes. Cet engin disgracieux, fixé sur sa cheville droite, ressemble à une grosse montre en plastique. Il a pour fonction de vérifier que l’ex-chef de l’État ne sort pas de chez lui passé 20 heures.

Le bracelet électronique est conçu pour résister à l’eau, dans certaines limites. La douche, par exemple, est autorisée, mais pas une immersion prolongée. Isabelle Balkany, ancienne conseillère municipale de Levallois-Perret, condamnée pour fraude fiscale, ne renonçait pas à ses bains. Avec le mouchard qui n’arrêtait pas de biper, elle avait failli rendre fou le juge de l’application des peines…

Jusqu’à la mise en place de la détention à domicile sous surveillance électronique en 2020, « bracelet » ne s’employait qu’au pluriel dans l’argot de la police et du milieu. « Un flicard me passe les bracelets », lisait-on dans La Cerise d’Alphonse Boudard.

À New York, un soir de mai 2011, Dominique Strauss-Kahn, patron du Fonds monétaire international et possible successeur de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, s’est retrouvé en quelques instants menotté devant les caméras. Aux yeux du monde entier, il était condamné avant même d’être inculpé, et sa carrière politique s’arrêtait sur-le-champ. Une exécution immédiate sans décision de justice. Ces bracelets-là sont autrement plus redoutables que leur dérivé électronique. 

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