SI ROBERT BADINTER est associé à l’abolition de la peine capitale, la guillotine doit son nom, comme chacun sait, au Dr Guillotin. Loin d’être un barbare, ce médecin et député constitutionnel avait fait adopter au lendemain de la Révolution une réforme qui se voulait à la fois égalitaire et empreinte d’humanité. Pour en finir avec les différentes exécutions pratiquées en France selon le crime commis ou le statut social (décapitation au sabre ou à la hache, pendaison, écartèlement…), il demandait que les condamnés à mort aient tous la tête tranchée, par « une machine qui puisse être substituée à la main du bourreau ». Cette machine a été mise au point en 1792 par son confrère Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l’Académie de chirurgie, d’où ses premiers noms de « louison » ou « louisette ». Mais c’est « guillotine », plus élégant, qui n’a pas tardé à s’imposer.

Après la mise en place de l’appareil, quelques incidents regrettables, obligeant le bourreau à s’y reprendre à deux ou trois fois, ont conduit à de sensibles améliorations.

La prédiction du concepteur se vérifiait : « Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil et vous ne souffrez point.

La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l’homme n’est plus. »

La guillotine, haute de près de quatre mètres et donc visible de loin, a eu beaucoup de succès. Lors de l’Exposition universelle de 1889, l’agence Cook affrétait des omnibus pour permettre à des touristes d’assister à une double exécution capitale. Mais à partir de juin 1939, il a été décidé de ne couper les têtes que dans l’enceinte des prisons. Le public a été privé du spectacle, mais en attendant de pouvoir bénéficier de scènes de torture, de plus en plus réussies, au cinéma et à la télévision. 

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