La question ne se pose pas
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Il y a quarante ans, presque jour pour jour, la France abolissait la peine de mort par l’entremise d’un Robert Badinter qui avait la noblesse de ce combat chevillée au cœur et au corps.
40 ans. C’est également mon âge.
Cela signifie que je n’ai jamais connu la France qui condamne à mort et exécute des êtres humains, cette France dont le bourreau reproduit le geste de l’assassin au nom de la République et au nom du peuple français. Rien que l’idée que l’on puisse tuer une personne en mon nom m’est absolument insupportable, quel que soit le crime commis.
Je n’ai pas non plus connu cette France crédule qui se persuade, jusque dans ses textes de loi, que la peine de mort est dissuasive alors que toutes les statistiques démontrent qu’elle n’a jamais eu la moindre influence bénéfique en termes de baisse de la criminalité, ou cette France qui oublie que l’erreur, même judiciaire, est humaine et qu’en matière de peine de mort l’erreur est irréparable.
J’ai pourtant toujours eu le sentiment que cette France-là était prête à ressurgir, malgré la loi, malgré la Constitution qui aujourd’hui proscrit tout retour de la peine capitale. Plus qu’un sentiment : le moindre fait divers, un attentat, et cette France se révèle à travers des sondages d’opinion qui réclament le rétablissement de la peine capitale.
55 % des Français l’exigeaient en 2020, soit 11 points de plus qu’en 2019, selon un sondage Ipsos réalisé au moment du procès des attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher et de Montrouge. Je ne peux le démontrer mais l’horreur des crimes dont a été victime l’équipe du journal n’est peut-être pas sans incidence sur ce chiffre terrible.
Et ce chiffre dit toute l’actualité et la pertinence du combat contre la peine de mort, même en France où elle n’a plus cours. Il est encore nécessaire d’éduquer à l’abolition de la peine de mort, aux raisons de cette exigence impérieuse.
Et cette question, innocemment posée parmi d’autres dans les sondages, pose elle-même beaucoup de questions quant aux mentalités de ceux qui la proposent. Pourquoi cet acquis démocratique est-il encore aujourd’hui remis en cause alors qu’on n’interroge plus les Françaises et les Français sur le rétablissement de l’esclavage ou sur la pénalisation de l’avortement ?
Je formule le vœu que le sujet du rétablissement de la peine de mort disparaisse de tous les sondages d’opinion en France et que cette avancée majeure du XXe siècle ne soit plus jamais remise en cause.
Je formule également le vœu de voir un jour l’avènement de l’abolition universelle de la peine de mort car ce combat et l’humanisme que partage la communauté abolitionniste ne s’arrêtent évidemment pas aux frontières nationales de chaque État.
Si les quarante ans de l’abolition sont l’occasion pour Ensemble contre la peine de mort (ECPM) de constater le chemin parcouru depuis 1981, ils nous poussent aussi à regarder vers le futur. L’avenir de l’abolition est entre les mains de la jeunesse. C’est elle qui l’incarnera, qui empêchera toute régression en la matière. C’est elle qui finira par convaincre la communauté internationale et les États rétentionnistes de l’évidence de l’abolition. Qu’ils soient nombreux à rejoindre la communauté abolitionniste !
« La justice qui tue n’est pas la justice »
Robert Badinter
« Disons-le, il y a un lien singulier, historique entre la guillotine et l’inconscient des Français. Si les Français aimaient autant la littérature qu’ils se plaisent à le dire, ils auraient aboli après avoir lu Hugo et Camus. » L’ancien garde des Sceaux a bien voulu revenir pour nous sur le comb…
[Louisette]
Robert Solé
SI ROBERT BADINTER est associé à l’abolition de la peine capitale, la guillotine doit son nom, comme chacun sait, au Dr Guillotin. Loin d’être un barbare, ce médecin et député constitutionnel avait fait adopter au lendemain de la Révolution une réforme qui se voulait à la fois égalitai…
Une force qui va
Laurent Greilsamer
« “Honneur de la gauche” il était ; “honneur de la -République” il devient. Son nom ne suscite plus guère la critique. Tapis rouge. » Comment le jeune Robert, ce fils d’immigrés juifs originaires de Bessarabie qui n’aurait jamais imaginé qu’il se tournerait vers la profession d’avocat, est-il dev…