Tout le monde en parle, mais personne ne l’a jamais vu. Probablement parce qu’il est transparent. Le fameux plafond de verre, qui empêche un candidat d’extrême droite d’accéder à l’Élysée, serait « une légende » selon Marine Le Pen. Il occupe pourtant toutes ses pensées, et elle s’emploie méthodiquement à le faire sauter, quitte à ripoliner entièrement la façade de l’ex-Front national, devenu Rassemblement.

L’entreprise mariniste est qualifiée de dédiabolisation. Il s’agit plus exactement d’une désextrêmedroitisation du parti dont elle a pris la tête il y a dix ans. Au prix d’un parricide politique puisque Jean-Marie Le Pen en a été exclu en 2015. Adoucissant son image, l’héritière accentue le manque de « virilité » que son géniteur lui reproche. Elle le fait sauter au plafond en récrivant son programme. Alors que la France vire à droite, la Marine rame vers le centre. Elle ne veut plus sortir de l’euro ni de l’espace Schengen, s’autoproclame sainte patronne du pouvoir d’achat, et en est à dire que l’islam est compatible avec la République. Elle va finir présidente de SOS-Racisme, disent les plaisantins.

Alors que la France vire à droite, la Marine rame vers le centre

Éric Zemmour, défenseur de l’Ancien Régime, est résolument opposé à la dédiabolisation. Se démenant comme un diable dans l’eau bénite, ce trublion a d’abord siphonné des voix à Marine Le Pen, qui a momentanément plafonné dans les sondages. Mais il s’est pris les pieds dans le tapis, ne faisant que dédiaboliser un peu plus l’intéressée. C’est à coups de hache qu’il s’est acharné contre le plafond de verre. Des fissures commencent à apparaître dans ce verre que l’on pensait blindé. À en croire Marine Le Pen, ce n’est qu’un faux plafond. 

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