Il n'y a plus de gauche, il n’y a plus de droite. La France se partage désormais entre patriotes et mondialistes. C’est Marine Le Pen qui l’affirme, avec toute l’autorité que lui confère le titre de « candidate des patriotes » qu’elle s’est décerné.

Beaucoup de ses électeurs – oubliés et souvent méprisés – se prenaient pour des parias. Ils se découvrent patriotes. Ce mot magnifique, chargé d’histoire, claque comme un drapeau. Il semble répondre à toutes leurs peurs, leurs souffrances et leurs frustrations. Être patriote, comme le proclame la candidate, n’est-ce pas choisir la France contre tout ce qui la concurrence, la défigure ou la menace ? Demain, avec Marine, on retrouvera le franc-or, on rasera gratis, il n’y aura plus ni chômeurs ni délinquants, « la libre circulation des terroristes » sera interdite, et pas une fourmi ne pourra franchir nos frontières. Ce national-populisme, mâtiné de trumpoutinisme, est exaltant.

On cite souvent la célèbre formule de Romain Gary : « Le patriotisme, c’est d’abord l’amour des siens, le nationalisme, c’est d’abord la haine des autres. » Pourquoi ce double « d’abord » ? Sans doute parce que le patriotisme est une notion trop complexe pour se laisser enfermer dans une définition. On dit la « mère patrie », alors qu’étymologiquement (pater) c’est le pays du père… Masculine et féminine, frileuse ou audacieuse, la patrie est capable de susciter autant de repli que d’ouverture, autant d’égoïsme que de générosité. Ayant pris les armes dès juin 1940, Romain Gary, compagnon de la Libération, était mieux placé pour en parler que la candidate autoproclamée des « patriotes ». 

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