Personne n’ignore que la beauté d’un visage, d’une silhouette ou d’une tenue déclenche chez ceux qui l’observent des a priori favorables, une fascination et une attirance. Ces constats ne sont pas une nouveauté, mais les privilèges qui s’attachent à la beauté physique sont tels qu’ils font désormais l’objet d’une croissante remise en cause, autant qu’ils expliquent certaines stratégies de réussite sociale qu’on aurait tort de résumer à une simple démarche narcissique.

Les études scientifiques portant sur les stéréotypes associés à la beauté sont en effet légion et elles établissent qu’aux yeux de tous « ce qui est beau est bien ». Toutes les qualités sont prêtées en un coup d’œil (quelques centièmes de seconde) et de façon inconsciente à ceux qui ont belle apparence. Ils sont heureux, sympathiques, sociables, intéressants, attirants, etc. Le problème est que, parmi ce florilège de qualités, la plupart, pour ne pas dire toutes, sont décisives lorsqu’il s’agit de sélectionner, par exemple, des candidats à l’embauche : compétence, intelligence, conscience professionnelle, créativité, honnêteté. Ces biais de perception posent deux difficultés. D’une part, il n’est pas pertinent de laisser ses sentiments tenir lieu de mesure de la personnalité, des compétences ou encore de l’intelligence. Le feeling, c’est-à-dire l’intuition, est certainement une méthode pour déterminer l’issue d’une rencontre amoureuse, mais n’est guère adapté pour choisir un contrôleur de gestion. D’autre part, les biais cognitifs conduisent non seulement à privilégier les plus beaux, mais aussi à écarter ceux qui le sont moins ou, pire, sont jugés disgracieux. Ces inégalités de traitement dans tous les domaines de la vie sociale sont souvent tenues pour naturelles, acceptables, voire bien compréhensibles. Mais elles sont source de discriminations de grande ampleur, qui ont été longtemps ignor

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