« La beauté est un langage sans mots »
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Peut-on définir la beauté humaine ?
Non, car cela conduirait à plusieurs impasses mettant de côté sa diversité, son évolution continue, ou le cadre de référence dans lequel elle s’épanouit. La beauté n’est pas une donnée fixe, c’est un kaléidoscope historiquement et socialement situé. En revanche, on peut cerner une donnée anthropologique, universelle, qui est la quête de beauté. Il n’y a pas de société humaine qui se soit contentée de son corps biologique, qui se soit dispensée de le transformer et d’en faire son médium culturel. Dès la préhistoire, on trouve des signes de mise en scène du corps dans des sépultures qui laissent penser que les vivants devaient également être ornés, ce qui est corroboré par des représentations figuratives. Ensuite, selon les cultures, cette quête de beauté se manifeste différemment. Chaque langue a ses propres mots pour désigner la beauté, qui traduisent déjà une certaine attente de ce qui est désirable. Et cette diversité se retrouve aussi dans la représentation : la statuaire grecque antique, par exemple, montre une obsession de l’anatomie parfaite, quand le corps chinois traditionnel s’en désintéresse pour privilégier le geste, le flux, et qu’en Inde la priorité est donnée à l’ornementation.
Cette quête de beauté est-elle uniquement esthétique ?
C’est un phénomène complexe qu’on peut comparer à la question du langage. Toutes les sociétés humaines s’expriment par la parole, mais elles ne parlent pas la même langue. De même, la quête de beauté est un langage sans mots, qui associe l’apparence à des valeurs, plus ou moins positives, et la charge de messages et de significations collectives. Dans la plupart des groupes humains, certains gestes de beauté traduisent ainsi une situation précise : on ne peut pas s’habiller, se coiffer, se maquiller de telle manière selon qu’on est un enfant ou un adulte, qu’on est marié ou non, qu’on a passé tel stade d’initiation, qu’on occupe tel métier ou tel statut social. On pouvait identifier l’identité sociale de certaines femmes chinoises ou japonaises à la nature de leur chignon. La beauté propose ainsi un ensemble de signes, plus ou moins autoritairement imposés, parfois même à travers des lois. Sous l’Ancien Régime, vous ne pouviez pas porter la perruque poudrée longue si vous n’apparteniez pas à l’aristocratie. La beauté est donc une question politique, mais qui possède en même temps des enjeux individu
« La beauté est un langage sans mots »
Élisabeth Azoulay
Entre kaléiodoscope historique et donnée universelle, l'anthropologue Élisabeth Azoulay revient sur notre éternelle quête de la beauté.
[Retouches]
Robert Solé
Salut les filles ! Merci pour tous vos likes. Après ce lipofilling fessier, j’ai hâte de montrer mon petit body à mes followers.
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