Qui peut en douter ? Dans les désordres de la bataille présidentielle s’achève un long cycle politique né des institutions de la Ve République, véritable machine à fabriquer du bipartisme, de l’efficacité électorale et de la stabilité politique. Tous les boulons de cette construction sophistiquée, conçue en 1958 par le général de Gaulle pour tourner la page d’une IVe République devenue pétaudière, sont en train de se dévisser. L’édifice branle de toutes parts et menace même de s’effondrer. Naturellement, ce sentiment naît d’une campagne folle dominée par l’affaire Fillon et les multiples questions qu’elle soulève. 

Le séisme qui affecte notre organisation politique vient, cependant, de beaucoup plus loin. Son épicentre est l’oubli au fil des ans de la notion d’intérêt général dans un monde cannibalisé par les droits de l’individu, ce Veau d’or sur l’autel duquel tous les principes du vivre ensemble sont sacrifiés. Que disait le général de Gaulle, le 12 septembre 1944, devant les corps constitués issus de la Résistance rassemblés au palais de Chaillot ? « Tout en assurant à tous le maximum possible de liberté et tout en favorisant en toute matière l’esprit d’entreprise, la France veut faire en sorte que l’intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l’intérêt général, que les grandes sources de richesse commune soient exploitées et dirigées non point pour le profit de quelques-uns mais pour l’avantage de tous, que les coalitions d’intérêts qui ont tant pesé sur la c

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