Dix ans après la grande crise mondiale de 2008, une réplique pourrait-elle survenir ? 

Dans l’absolu, bien sûr. Les taux d’intérêt sont restés très bas depuis dix ans pour faire face à cette crise et, à présent qu’il y a un retour à la normalité, du moins aux États-Unis, nombre d’emprunteurs vont se retrouver en difficulté. Privé de liquidités abondantes, le système financier va devoir réapprendre à vivre sans le soutien des Banques centrales. Mais, au-delà, la nature des incertitudes a changé. On a connu des incertitudes technologiques, avec la bulle Internet, puis des incertitudes financières avec la bulle immobilière et les produits financiers toxiques qui ont conduit à la crise de 2008. On est confronté aujourd’hui à un risque d’ordre politique. On le voit avec Trump, le Brexit, l’Italie, la Turquie d’Erdogan… Lorsque les investisseurs lisent le Financial Times, ce ne sont pas les pages consacrées à la Bourse qu’ils regardent en priorité aujourd’hui, mais les pages politiques !

Quels facteurs pourraient précipiter une nouvelle crise ?

Les crises financières naissent toujours du surendettement, comme les subprimes en 2008, et de la panique que peut engendrer, de manière autoréalisatrice, une perte de confiance dans la stabilité du système. Lorsque les investisseurs ont confiance, comme au Japon où il y a pourtant une dette de 250 % du PIB, cela peut marcher. Mais si domine un sentiment de fragilité, il suffit d’un retournement de conjoncture pour que tout s’effondre. Aujourd’hui la ligne de faille la plus importante, c’est l’Italie, qui connaît une instabilité plus politique qu’économique. Certes, la dette y est élevée, comme partout ailleurs, mais le poids de la dette dans le budget, c’est-à-dire le calcul des intérêts, reste gérable. Mais si les opinions se retournent, ça peut faire boule de neige.

Et aux États-Unis ?

Les facteurs de risque demeurent, non pas sur la dette publique, mais sur le rôle maintenu d’une immense finance de marché qui, contrairement aux banques, a échappé à la régulation. Pour les banques, des garde-fous ont été mis en place pour empêcher une nouvelle crise, en particulier l’interdiction de spéculer sur leurs

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