À Christina Ruth Agosti

Pour ériger cette muraille
viennent à moi toutes les mains,
viennent les Nègres aux mains noires,
viennent les Blancs aux blanches mains,
oui,
pour ériger cette muraille
allant de la plage à la cime,
allant de la cime à la plage,
là-bas, là-bas, sur l’horizon.

– Toc ! Toc !
– Qui est là ?
– C’est une rose et un œillet…
– Ouvre la muraille !

– Toc ! Toc ! 
– Qui est là ? 
– C’est le sabre du colonel…
– Ferme la muraille !

– Toc ! Toc ! 
– Qui est là ?
– C’est la colombe et le laurier…
– Ouvre la muraille !

– Toc ! Toc !
– Qui est là ?
– C’est le scorpion, le mille-pattes…
– Ferme la muraille !

Au cœur de l’ami,
ouvre la muraille ;
au poison et au poignard,
ferme la muraille ;
au myrte et à la menthe,
ouvre la muraille ;
à la dent du serpent,
ferme la muraille ;
au rossignol sur la fleur,
ouvre la muraille…

Pour ériger cette muraille
s’unissent, oui, toutes les mains :
la main du Nègre, la main noire,
et la main du Blanc, blanche main.
Pour ériger cette muraille,
allant de la plage à la cime,
allant de la cime à la plage,
là-bas, là-bas, sur l’horizon… 

 

Le Chant de Cuba, traduction de Claude Couffon
© Le Temps des Cerises, 2016

 

Dès 1930, le Cubain Nicolás Guillén chante la couleur métisse de son île, transcrivant le quotidien des pauvres en rythmes nouveaux. Avant de s’engager auprès des républicains espagnols puis contre l’ogre américain. Le groupe Quilapayún a fait de sa Muraille antiraciste un célèbre hymne protestataire. 

 

 

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