POUR VOUS, c’est Marine ou Marion ?

– J’hésite. Oui, je l’avoue, j’hésite à prédire qui, de la tante ou de la nièce, finira par l’emporter à la tête de l’extrême droite.

– Extrême droite ou droite extrême ?

– Je ne vois pas la différence. C’est bonnet blanc et blanc bonnet.

– Attention ! Jusqu’à une date récente, on parlait d’extrême droite. Mais, ces dernières années, l’expression « droite extrême » n’a cessé de gagner du terrain, comme l’indiquent des études statistiques.

– J’ai noté, en effet, cette mode qui conduit à changer l’adjectif de place. Ou peut-être est-ce un souci stylistique, pour éviter une répétition. On trouve les deux expressions dans le même paragraphe d’un livre ou d’un article, pour désigner la même chose, comme si elles étaient interchangeables.

– Mais je peux vous citer d’autres livres et d’autres articles qui analysent, au contraire, un infléchissement. En cherchant à dédiaboliser le parti hérité de son père, Marine Le Pen est passée de l’extrême droite à la droite extrême.

– Elle vous l’a confirmé ?

– Mais non, voyons ! Elle a toujours récusé ces deux mots accolés qui font une vilaine étiquette : elle n’est ni extrémiste ni de droite. Le parti qu’elle dirige depuis dix ans – deux quinquennats ! – et qu’elle a fait passer de « front » à « rassemblement » est tout simplement « national ».

– J’en perds mon latin politique. Comment désigner ceux qui, à la droite de la droite, jugent Marine Le Pen trop modérée ? Je ne sais plus où placer l’adjectif.

– Vous n’avez qu’à en mettre deux : avec « extrême droite radicale », vous seriez sûr de parler vrai. 

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