Pour leur défense, depuis le début de la guerre froide, les Européens peuvent compter sur le parapluie américain. Il ne s’agit pas d’une ombrelle en dentelle, mais d’un solide pépin, à ouverture automatique, qu’aucun vent mauvais n’est en mesure de retourner. C’est à l’abri de ce bouclier que l’Union européenne a pu se faire.

Mais un tel engin, qu’il faut améliorer en permanence, coûte une fortune. L’Oncle Sam reproche à ceux qui s’y abritent de participer trop chichement à son entretien. L’Europe l’intéresse d’ailleurs moins qu’auparavant, le centre de gravité de sa sécurité se trouvant désormais dans le Pacifique.

Les Européens commencent à comprendre que le parapluie américain n’est pas éternel

Les Européens commencent à comprendre que le parapluie américain n’est pas éternel et qu’ils devront tôt ou tard le remplacer par leurs propres moyens. Mais les pépins individuels sont hors de prix. Aucun pays n’est en mesure de se l’offrir seul. Ce sera forcément un mécanisme collectif, de grande taille, car les orages surgissent désormais à l’est comme au sud. Encore faut-il se mettre d’accord sur le diamètre, l’épaisseur, le montant et sur ceux qui tiendront le manche.

On avait cru régler les problèmes du monde par le soft power, la puissance douce. Autrement dit, l’attraction exercée par notre modèle démocratique qui allait permettre à toutes les nations de se ressembler et de s’embrasser. L’excellent M. Poutine nous a brusquement réveillés au son de l’artillerie, avant d’agiter la menace d’un champignon atomique. L’heure n’est pas à la rigolade, mais on essaie quand même de sourire en se souvenant de cette forte pensée d’Alphonse Allais, décédé quarante ans avant Hiroshima : « Les champignons poussent dans des endroits humides. C’est pourquoi ils ont la forme d’un parapluie. » 

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